Pakula, parano, Parallax


Comme l'a montré avec génie Jean-Baptiste Thoret dans ses ouvrages sur le cinéma américain des années 70, l'assassinat de Kennedy est profondément lié à l'image cinématographique via le mythique film Zapruder, du nom du caméraman amateur qui a immortalisé sur celluloïd l'attentat. Ce trauma commun, une décennie de cinéma contestataire, violent et paranoïaque tenteront de le déplier, et notamment Alan Pakula, de Klute au cathartique Les Hommes du Président.

Mais son film le plus directement référencé à la mort de Kennedy, c'est le bien nommé (en français) À cause d'un assassinat, où Warren Beatty, journaliste "freelance", tente de percer le mystère autour du meurtre d'un sénateur candidat à la Présidence. Non seulement tous les témoins de la scène disparaissent dans des circonstances troubles, mais il semble que les plus hautes sphères de l'État soient impliquées via une mystérieuse société nommée Parallax.

La clé du mystère, le héros la trouvera dans un film, une œuvre expérimentale envoyant des messages subliminaux à ceux qui le regardent, provoquant un lavage de cerveau et les privant de leur libre arbitre, avant de les pousser à commettre des meurtres guidés.

À cause d'un assassinat est un précipité du cinéma paranoïaque qui engloutit peu à peu les écrans américains : pessimiste, glacial (la mise en scène transforme les décors en un réseau de lignes qui décrivent un monde déshumanisé et abstrait, où l'humain n'est qu'un insecte emprisonné dans une toile d'araignée) et dans un doute absolu envers les institutions, toutes coupables de mensonge et de violer les règles élémentaires de la transparence démocratique.

Christophe Chabert

À cause d'un assassinat
Mercredi 6 mai à 20h au Centre Culturel Cinématographique


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