La Tribu des fourmis

De Yang Huilong (Chine, 1h28) avec Kailin Tang, Shu Yao…


Il n'y a donc pas que Jia Zhang-Ke pour montrer le désespoir de la jeunesse chinoise… En témoigne ce film assez étonnant dans lequel trois anciens étudiants, prêts à entrer dans la vie active, se retrouvent à Tang Jialing dans la banlieue de Pékin, où les loyers sont encore abordables mais où ces précaires sont soumis au racket et aux combines foireuses en attendant de trouver le job de leurs rêves.

L'énergie de cette jeunesse fougueuse qui est prête à vivre d'amour (physique, que le film représente avec une surprenante frontalité) et d'eau fraîche pour oublier sa condition misérable se fracasse sur la réalité d'un pays où le culte de l'argent, les castes et les petits privilèges ne sont pas faciles à dépasser.

Yang Hulong suit ses personnages en scope et à travers de longs travellings au grand angle qui servent autant à raconter leur parcours du combattant qu'à filmer cette Chine-là, où la prospérité est à deux pas des taudis insalubres et où les modèles de réussite paraissent inatteignables. Le titre, La Tribu des fourmis, renvoie à cette population (près d'un million de Chinois nous dit le film) abandonnée du pouvoir et livrée à elle-même. Un carton final annonce qu'en 2010, le quartier de Tang Jialing a été rasé… Où les fourmis sont allées se loger, en revanche, le film prend soin de ne pas nous le dire.

Christophe Chabert


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