Refugiado

De Diego Lerman (Arg, 1h33) avec Julieta Diaz, Sebastián Molinaro…


Il faut reconnaître à Diego Lerman un mérite : avoir été, avec Tan de repente, le pionnier d'une nouvelle vague du cinéma argentin qui a permis l'éclosion de cinéastes importants comme Pablo Trapero ou le regretté Fabián Bielinsky. En revanche, il n'a jamais vraiment confirmé cet essai, et Refugiado marque même une forme de renoncement, le film se contentant d'aligner paresseusement les lieux communs éculés du world cinéma. À savoir l'addition d'un sujet "sensible" (les violences conjugales), d'un réalisme proche du pléonasme (caméra à l'épaule parcourant en temps réel le décor triste des quartiers pauvres, des centres sociaux et des logements décrépis) et d'un point de vue qui finit par être franchement casse-burnes (à hauteur d'enfant).

Passé le vague mystère du début, lorsque la mère enceinte et son fils tentent d'échapper au mari, le film languit entre humanisme – la solidarité féminine au foyer – et thriller décevant – la fuite, où la menace reste tellement abstraite qu'elle ne crée jamais de véritable tension. L'appel à la poésie de l'enfance ne suffit pas à donner à ce film trop scolaire l'envergure nécessaire pour être autre chose qu'un préambule à un débat sur la question.

Christophe Chabert


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Goodnight mommy