Abra-Dakhabrakha

La transe post-moderne, post-mondiale et en chapka de l'étrange quatuor ukrainien Dakhabrakha passe cette semaine par la Source.


« Tradition et modernité », ce vieux débat pour philosophes bachoteurs. Le voici pourtant incarné loin du cliché par Dakhabrakha : un étrange quatuor ukrainien qui, depuis une bonne décennie, arpente les villages d'Ukraine à la recherche de chansons populaires, de récits oraux et les met en musique avec ce qu'offre à la fois la tradition musicale locale mais aussi les moyens de l'époque autant que du village global.

Soit trois chanteuses en chapka issues de l'univers des polyphonies slaves, qu'accompagnent un homme, Marko, ainsi que des rythmes hip-hop, des beats électro, des basses dub. Tout ça pour accoucher d'une transe post-moderne et post-mondiale, où l'on perçoit yodel, percussions africaines ou venues d'Asie. Manière de réhabiliter une identité et une culture ukrainienne placée sous le joug, on ne le sait que trop, de la puissance russe. Mais ici sans affirmation nationaliste.

Bien au contraire, dans le décloisonnement des frontières par la musique et non par les chars, dans une ouverture européenne et mondialiste qui, sans doute sans le savoir au départ (il s'agissait d'un vieux projet théâtral), mais rattrapée par les événements, s'inscrit en plein dans l'esprit de Maïdan. Qui plus est, cette transe passe-muraille qui peut évoquer l'ancien folk américain aussi bien que Nick Cave est sublime, alchimique, magique.

Stéphane Duchêne

Dakhabrakha (+ La Squadra Zeus), mercredi 13 mai à 20h30, à la Source (Fontaine)


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