La Bobine : le parfum du succès

Boire une bière en soirée, profiter d'un concert, d'un spectacle ou d'une expo, danser le tango… On peut faire tout ça – et plus encore – à la Bobine, et ce depuis longtemps. Car l'incontournable lieu culturel et festif du parc Paul-Mistral fête ses 10 ans ce samedi 30 mai. Mais avant la boum, on remonte le fil de l'histoire.


La Bobine a dix ans, mais l'histoire remonte bien avant son installation en plein parc Paul-Mistral ; et même bien avant sa naissance en 2005 rue Clément, près de l'Estacade. Tout a d'abord commencé à la fin des années 1990 avec le Projet Bob. Alors membres d'une association organisant des concerts à Lyon, trois étudiants dont Éric Ghenassia, le directeur actuel de la Bobine (qui partira d'ailleurs en septembre vers d'autres aventures), se rendent vite compte que les artistes qu'ils apprécient ne se produisent pas sur Grenoble. Ils décident alors de créer en 1998 l'association Projet Bob. Après quelques années de concerts dans diverses salles de Grenoble et de l'agglo, ils ont vent qu'un local est disponible rue Clément. Ils décident de s'y installer en 2004. La Bobine première du nom est née un an après.

« L'idée était de créer un lieu de vie en plus d'un espace culturel » explique Éric Ghenassia. Un lieu dans lequel se rencontrent musiciens professionnels, amateurs et grand public. En plus de reprendre les activités de studio qui existaient déjà dans les murs, l'équipe monte un bar, un restaurant et une salle de spectacle à l'étage. Ce local est aussi l'occasion de « réfléchir à une démarche participative » : à la Bobine, « le collectif est très important, les bénévoles sont vraiment impliqués et on laisse la place à l'initiative personnelle. C'est pour ça qu'il est difficile pour nous de parler au nom de tous » dixit Vincent Nury, président de l'association. Les bénévoles seront d'ailleurs de plus en plus nombreux au fil des ans – aujourd'hui, la Bobine en compte une quarantaine d'actifs, en plus des vingt-cinq salariés.

« Du cachet dès l'ouverture »

En 2009, tout ce petit monde quitte la rue Clément pour s'installer dans le parc Paul-Mistral, un endroit qui répond à leurs nouveaux besoins : un grand espace proche du centre et sans problèmes avec le voisinage. Un double défi pour eux puisqu'ils ont dû à la fois redonner vie à cette zone méconnue du parc mais également transformer un vieux bowling municipal en endroit accueillant, fidèle à la première Bobine. Éric Ghenassia : « Nous avons beaucoup travaillé sur la déco pour que le lieu ait du cachet dès l'ouverture. » Vincent Nury : « Le premier concert dans la nouvelle Bobine, c'était French Cowboy il me semble. Ils nous ont dit qu'on avait l'air d'être installés ici depuis des années. On ne s'était donc pas trop mal débrouillés ! »

De nombreuses opportunités s'offrent alors à eux. En passant d'une salle de concert de 100 à 300 places, ils peuvent désormais programmer des groupes plus importants. Éric Ghenassia : « On s'est vite rendu compte qu'il allait y avoir beaucoup plus de monde. » De nombreux musiciens commencent à squatter les studios d'enregistrement qui n'étaient auparavant fréquentés que par des connaissances. Vincent Nury : « C'est génial de voir qu'aujourd'hui, des groupes montent presque entièrement leur projet à la Bobine. »

Leur nouveau bar, bien plus spacieux, connaît lui un grand succès. Si grand que de certains clients ne connaissent que cet aspect de la Bobine. Mais cela fait partie du jeu assure Éric Ghenassia. « On n'est pas mal à l'aise par rapport à ça. Le bar a son importance économiquement. Quand des gens viennent boire un verre, ils participent indirectement au projet culturel. » Le bar est ainsi leur principale source de revenus – leur budget ne compte que 5% de subvention.

 « Varier les esthétiques »

Dix ans après sa première ouverture, pour le public, la Bobine, c'est donc tout un tas de choses : un bar avec des soirées, des spectacles jeune public (avec la Bobinette), de l'impro… Et surtout de la musique avec pas mal de concerts. « On a principalement une dominante rock, mais on peut aussi passer du jazz, du hip-hop ou de la world » assure Vincent Nury qui dit vouloir « varier les esthétiques » comme la programmation ne suit pas une ligne directrice définie. Cette programmation se fait d'ailleurs par des commissions de bénévoles (un fonctionnement assez unique en France), avec du coup différentes sensibilités aux manettes – à l'inverse d'une salle classique où seul un directeur choisit la ligne artistique.

« Dans l'esprit des Transmusical de Rennes », le rassemblement se fait d'abord autour de cette idée de découverte. La Bobine a cette envie de faire émerger des artistes (les apéros concerts du samedi sont notamment là pour ça) et de partager des coups de cœurs en tout genre. Mais son credo n'est pas de courir après les têtes d'affiche. Vincent Nury : « On avait par exemple eu Asaf Avidan à ses débuts, mais aujourd'hui, on ne chercherait plus à le faire venir. »

Une ligne directrice qui se traduit dans sa fête des dix ans. Dès 13h, les concerts, expositions et spectacles, tous gratuits, s'enchaîneront, la plupart en extérieur. Au programme : un cabaret, des activités jeune public, une exposition qui reviendra sur 10 ans d'aventures et une soirée qui se terminera vers 2h du matin.

Dix ans de la Bobine, samedi 30 mai dès 13h


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