Les vents se lèvent à la MC2

Pour clôturer l'année de festivités de ses dix ans, la MC2 organise l'évènement "Vents debout". Soit douze heures de concerts autour des instruments à vent. Antoine Pecqueur, fougueux conseiller musique à la MC2 (et aussi musicien et journaliste), nous en dit plus. Propos recueillis par Nathan Chaudet


Quel est le programme de cette journée Vents debout ?

Antoine Pecqueur : Elle sera composée de concerts courts d'une heure maximum pour que le public puisse en faire plusieurs. Ils se tiendront à l'intérieur et sur le parvis de la MC2. Certains seront gratuits et d'autres payants – mais ils coûteront le prix d'une place de cinéma. L'accessibilité tarifaire est très importante pour nous.

Pourquoi mettre en avant la famille des instruments à vent ?

Nous avons choisi le thème des instruments à vent car c'est un style très convivial et festif qui réunit à la fois les bois et les cuivres. Ça nous permet de drainer un répertoire très large, de la musique baroque à la musique contemporaine en passant par les musiques du monde. À travers cette idée de diversité, nous pouvons toucher un public très large.

Qui seront les musiciens présents ?

Nous voulions rappeler que Grenoble était au cœur des Alpes et également au centre de cette notion d'Europe culturelle. On peut voir Grenoble comme un cul-de-sac ou comme la porte d'entrée des Alpes ! On a donc choisi les musiciens italiens de l'Ensemble Zefiro,  un flûtiste suisse et un compositeur de Hambourg. Il y aura aussi des musiciens locaux ainsi qu'un Arménien. Comme pour le public, on cherche à couvrir un spectre très large.

Ces spectacles dépassent le simple cadre de la musique, non ?

Exactement. C'est important de montrer qu'on peut être exigeant en étant accessible. Il y a en effet de nombreux rapprochements entre les disciplines. On peut par exemple aimer le foot et la musique classique [un match de foot en musique sera proposé – NDLR] ! Cette dernière est trop souvent perçue comme un ghetto, un art réservé aux spécialistes alors qu'on la trouve partout : dans la pub, le cinéma…

« L'âge moyen d'un spectateur lors d'un concert est de 64 ans. C'est inquiétant ! »

La musique classique est ghettoïsée ?

Je pense, oui. L'âge moyen d'un spectateur lors d'un concert est de 64 ans. C'est inquiétant ! L'objectif que j'ai à Grenoble, c'est de garder ce public qui est très important et d'aller chercher les autres comme les jeunes par exemple. Pour cela, on fixe des prix relativement bas et on sélectionne des artistes qui ont quelque chose à transmettre. Je ne supporte pas les musiciens qui s'emmerdent face à un public qui, forcément, va s'emmerder aussi.

Comment sensibiliser les jeunes générations ?

La place des arts dans l'éducation nationale doit être centrale. Mais elle ne doit pas être rigide, c'est inutile de commencer par leur apprendre le solfège. La pratique, elle, ne passe pas forcément par l'apprentissage de la flûte à bec en plastique. Aujourd'hui, il y a plein d'instruments à percussion qui sont parfait pour s'initier aux rythmes.

La musique classique a-t-elle besoin de se moderniser ou cela risque-t-il de la dénaturer ?

Je pense qu'il faut tout oser. Bien sûr on peut se planter, mais le risque est essentiel. Un musicien qui ne prend pas de risque n'est pas un bon musicien. Au même titre qu'une musique contemporaine qui ne dérange pas n'est pas une musique contemporaine.

Dans le film Intouchables, il y a une scène dans laquelle Omar Sy rattache chaque musique qu'il entend à une pub qu'il a vue. Pensez-vous que les films ou d'autres supports peuvent populariser le genre ?

C'est une évidence.

Ça ne vous gêne pas qu'on puisse dire « c'est l'air de la pub Toyota » et pas « c'est La flûte enchantée » ?

Pas du tout. Il faut avant tout que les gens ressentent une émotion. Ce qui ma donné envie de me mettre à la musique, c'est ce rapport émotionnel.

Vents debout !, samedi 6 juin de 10h à 22h, à la MC2


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