Lumière sur la couleur

Au temps des Lumière (les frères, pas le XVIIIe siècle), la photographie a connu une avancée majeure. Dès juin 1907, le binôme commercialisa l'autochrome, un appareil qui permettait pour la première fois d'obtenir la couleur en photographie. Le Musée dauphinois propose une plongée au cœur de cette aventure colorée. Charline Corubolo


Si le début de l'exposition Premières couleurs se fait en noir et blanc, ce n'est que pour mieux recontextualiser le sujet. En juin 1907, les frères Lumière mettent sur le marché l'autochrome, premier appareil photographique capable de saisir les couleurs. Le Musée dauphinois dévoile 308 autochromes en version originale et en version numérique au gré d'un parcours ludique dont la scénographie plonge le visiteur dans l'ambiance de l'époque entre bourgeoisie qui se mettait en scène et alpinistes qui captaient les pics montagneux.

Au détour d'une visionneuse, d'un film et de quelques autochromes, le musée propose de traverser le « couloir d'argent », installation qui met en application à l'échelle humaine le principe du filtre trichrome, avant de s'installer dans l'Autochromaton, sorte de photomaton permettant de réaliser son portrait selon le procédé des frères Lumière. De couleur en couleur, le parcours explique le principe de l'autochrome basé sur la fécule de pomme-de-terre, le fonctionnement de la couleur et se termine avec l'arrivée de la pellicule, qui mit fin au règne de ce dernier.

Pictorialisme coloré

Au-delà de l'aspect ludique, l'exposition s'attache également à l'autochrome en tant qu'outil artistique. Les clichés présentés renvoient au pictorialisme, mouvement photographique de la fin du XIXe siècle avec des images en noir et blanc tramées de points. Ici, la trame est colorée et déploie toute une palette de nuances mêlant poésie et mélancolie.

Les photographes-alpinistes ramènent ainsi des vues romantiques des montagnes dans lesquelles la composition est primordiale, sortant l'homme de la prise de vue, quand la bourgeoisie choisit de se mettre en scène dans des intérieurs ou des jardins.

Parfois, la photographie sert de documentation. Jules Flandrin, peintre dauphinois, usait des autochromes comme support visuel à ses peintures. Une mise en perspective qui permet d'observer comment la photographie a pu influer sur la peinture et devenir par la suite un art à part entière.

Premières couleurs, la photographie autochrome, jusqu'au lundi 21 septembre, au Musée dauphinois


<< article précédent
Les vents se lèvent à la MC2