Un street art festival « à vocation pédagogique »

Première édition pour le Grenoble street art festival, piloté par Jérôme Catz, boss du centre d'art Spacejunk. On l'a rencontré pour en savoir plus, avant d'aller voir sur place ce que ça donne. Propos recueillis par Aurélien Martinez


Pourquoi un tel festival ?

Jérôme Catz : Parce que c'est important et que ça répond à l'air du temps. Aujourd'hui, on voit du street art de partout, on est bombardés par ça… À Grenoble par exemple, il n'y a pas un rideau de fer qui n'ait pas été tagué. On veut donc essayer de mettre des mots là-dessus, de proposer des temps où les gens vont pouvoir comprendre ce qu'est le street art en matière de mouvement artistique et d'histoire. La vocation du festival est vraiment pédagogique.

Avec l'idée de mettre en avant une forme d'art pas encore légitimée comme elle le devrait ?

Bien sûr. C'est ce que je défends depuis douze ans avec Spacejunk. Le street art, quand il est né, ne s'appelait pas street art ; il n'y avait pas de nom pour définir ce truc-là. Mais quand Ernest Pignon-Ernest faisait ses premières œuvres en 1966, il faisait déjà du street art ; quand les premiers graffeurs ont retourné la ville de New York, ils en faisaient aussi ! C'est un mouvement qui a donc 50 ans d'histoire et qui s'enrichit toujours, exactement comme l'art contemporain. Il a plein de sous-rubriques, là aussi comme dans l'art contemporain avec ceux qui font des installations, des performances, de la vidéo, de la photo… Le street art c'est pareil : on a les graffeurs, les tagueurs, les pochoiristes, les colleurs, les artistes qui travaillent la mosaïque, ceux qui font des trucs numériques…

Concrètement, on verra quoi pendant le festival ?

Il y aura douze jours de temps forts dans Grenoble avec trois lieux privilégiés : le quartier Championnet [où se situe Spacejunk – NDLR] pour notamment tout ce qui est à l'extérieur et qui va rester – on essaie de faire un maximum de choses durables ; l'Ancien musée de peinture où l'on va montrer tout ce que l'on ne peut pas montrer à l'extérieur ; et un troisième pôle qu'est le Chorus, lieu éphémère de 300 m2 qui nous est mis à disposition pour faire ce que l'on veut, comme ça sera recouvert après.

Qui sont les artistes invités ?

J'ai proposé à toute la scène grenobloise de participer, et elle a répondu présent à 95% – The Sheepest, Petite Poissone, Nesta, Srek, tous les Contratak… Il y aura aussi quelques têtes d'affiche comme le Parisien C215 ou l'Espagnol Isaac Cordal.

Grenoble street art festival, du mercredi 10 au dimanche 21 juin, à Grenoble.


Critique de l'événement.

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Et après ?

Pour cette première édition, Jérôme Catz a reçu 9 000 euros de subvention de la Ville de Grenoble, même s'il chiffre le coût total d'une telle aventure a quelque 25 000 euros. Le reste sera donc du mécénat et du partenariat. Sachant qu'il a pour projet de faire grandir son festival, aujourd'hui implanté dans le centre-ville, mais demain pourquoi pas étendu à d'autres quartiers grenoblois – notamment ceux qui ont moins d'infrastructures culturelles. « Le street art est une bonne porte d'entrée dans le monde culturel. »


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Le Souffle