Asaf Avidan : il était une voix

L'Israélien à la voix divine sera en concert à la Belle électrique deux soirs de suite pour défendre "Gold Shadow", deuxième album solo arrivé juste après le carton "Different Pulses".


Certaines des réussites artistiques les plus brillantes sont le fruit de douleurs. La musique est remplie de ces déchirures amoureuses couchées sur papier et transformées en mélodies à broyer un cœur heureux. Les productions qui en découlent sont communément appelées des « break-up albums », pour que les choses soient on ne peut plus claires.

L'Israélien Asaf Avidan ajoute une pierre à cet édifice de larmes créatrices avec Gold Shadow, deuxième livraison solo venue juste après le carton Different Pulses et son One Day / Reckoning Song converti en tube planétaire par le DJ allemand Wankelmut. Et le fait sobrement, sans verser dans un sentimentalisme outrancier.

Musicalement, alors qu'on aurait pu l'attendre sur une pop haute de gamme bien dans son temps, il est parti à la recherche de sons des décennies passées ; et les a trouvés : du blues, du jazz, du rock… Un grain vintage, écrin royal à des textes poétiques où les images affluent en nombre – « We're moles my friend / Blind against the dark » (« nous sommes des taupes mon ami / aveugles face à l'obscurité ») dans le morceau My Tunnels Are Long And Dark These Days, qu'on imagine bien avoir été enregistré au fond d'un cabaret enfumé, face à un public composé des fantômes de Janis Joplin, Amy Winehouse, Nina Simone et de tous ceux cités ici, ces artistes comme lui aux chants de l'impossible.

« Les thèmes qui m'intéressent sont d'ordre personnel. Mon travail a toujours été très introspectif » déclarait le trentenaire en janvier à la presse française lors de la sortie de l'album. Avec un parcours comme le sien (une enfance passée entre plusieurs pays, un service militaire traumatisant, un cancer du sang contracté à 21 ans – aujourd'hui guéri), il y a de quoi trouver matière à s'épancher.

Et il y a de quoi régurgiter l'ensemble sur scène avec une force incroyable. Car en concert, le chanteur de poche se mue en bateleur magnétique : on a déjà pu en avoir plusieurs fois la preuve à Grenoble, notamment en 2013 dans l'immense Summum qui aurait pu l'avaler d'une traite. Ça a été tout l'inverse, sa voix incroyable transformant les murs de n'importe quelle salle en cathédrale (ou tout autre édifice religieux) d'un soir. Rendez-vous cette semaine pour l'office.

Asaf Avidan, lundi 15 et mardi 16 juin à 20h30, à la Belle électrique


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