Bourgoin-Jallieu : quelles journées !


Il eut été difficile au festival berjallien Les Belles Journées de constituer un plateau rock indé plus attrayant que celui qui nous est présenté, qui plus est pour son coup d'essai. C'est qu'outre Autour de Lucie, dont le statut d'icône d'une certaine pop indé en fait sans doute un peu le grand frère (ou sœur) de l'événement ; les cautions soulisantes que sont le Grenoblois Lull et le Lyonnais Sly Appolinaire, à qui on ne la fait plus ; 49 Swimming Pools dont les membres n'ont plus l'âge de la conduite accompagnée mais dont la pop reste fraîche comme une rose qui éclorait à l'infini ; et bien sûr H-Burns (consulter nos archives le concernant) ; c'est bien la jeune garde de la nouvelle (oui, encore) pop française que l'on mène ici aux Abattoirs (du moins pas très loin, au Parc des Lilattes).

Une jeune garde qui aime le travail chiadé, détient le secret de la chanson qui tue aussi sûrement que le cri du Docteur Justice, et porte beau sous les noms d'Aline, d'Isaac Delusion, Baden Baden et de deux étrangetés féminines : l'électro-chatte La Féline et la nouvelle coqueluche de la chanson française (Murat, Dominique A, Christophe...) Robi.

On l'avoue, de ce côté-ci de l'A71, on n'a pas tout de suite adoré les Clermontois d'Aline (ex-Ex-Young Michelin), qui n'est pour le coup pas une fille. Et pour qu'elle revienne dans nos cœurs, Aline a dû s'employer à un album magnifique produit par le druide Stephen Street (le producteur qui sublima quelques travaux des Smiths avant d'officier notamment avec Blur) : quelque chose comme du Smiths à dada sur Daho.

Tout aussi investis dans la recherche mélodique et l'interprétation, à chacune de leur sortie, qu'ils chantent en anglais ou en français, Isaac Delusion (de She pretends à How much you want her) et Baden Baden (You'll see et Good Heart les ont révélés mais pas plombés à écouter leur album Mille éclair) nous rejouent le « plus blanc que blanc » de Coluche en mode : « plus impeccable qu'impeccable c'est quoi ?  Parfait ? ».

À la vue de tout ce beau monde et en sortie de deux jours de festival, on ne pourra sans doute faire autrement que l'humoriste Arnaud Tsamère lorsqu'il conclut son désormais (presque) fameux sketch sur le vaudeville, en nous exclamant, au pluriel : « Ooooh ! Mais queeeelles journées ! »


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Autour de Lucie : le Rayon vert