Carte blanche pour salle obscure

Pensées par le journaliste de France Bleu Manuel Houssais et la boss du cinéma La Nef Monique Adira, les soirées "Un fauteuil pour deux" convient une personnalité iséroise à partager avec le public son amour pour un film. C'est le maire de Grenoble Éric Piolle qui inaugure ce mercredi ce nouveau rendez-vous mensuel avec "Les Ailes du désir" de Wim Wenders.


Malraux avait esquissé l'idée d'un Musée imaginaire, Truffaut écrit sur « les films de [sa] vie »… Toutes les œuvres sont constitutives de notre identité ; et notre penchant naturel nous pousse à les partager afin de propager les émotions si vives qu'elles ont suscitées en nous. De par son dispositif (une forme de liturgie profane), le 7e art rend cette transmission à la fois aisée et conviviale ; ce que les soirées Un fauteuil pour deux vont s'employer à prouver à la Nef grâce au journaliste Manuel Houssais qui les organise.

Totalement déconnectées de l'actualité cinématographique, elles proposent à une sommité locale, quelle que soit son origine professionnelle (politique, artistique, sportive, économique…), de venir présenter un film figurant dans son panthéon personnel. Pour expliquer le lien affectif – pour ne pas dire intime – la rattachant à cette œuvre, mais aussi échanger très librement avec la salle, en dehors des cadres conventionnels. Cet exercice réclame la pleine contribution de l'intervenant, qui non seulement accepte de dévoiler un peu son jardin secret, mais revendique in fine son choix programmatique, donc artistique.

Allemagne année 87

Parrain de ce cycle, le maire de Grenoble Éric Piolle a choisi d'être mis au pied du Mur – celui du Berlin des Ailes du Désir (1987) de Wim Wenders. Un film découvert durant ses jeunes années et dont la vision a constitué, selon ses dires, un « choc esthétique ». Ce que l'on conçoit aisément, tant sublime est l'image argentée d'Henri Alekan, et émouvantes se révèlent les séquences en couleur.

Film-constat de l'état d'une cité en partage (la Guerre froide vit ses derniers soubresauts), Les Ailes du Désir (en allemand, Le Ciel au-dessus de Berlin) demeure le chef-d'œuvre inégalé d'un cinéaste visionnaire pressentant la métamorphose prochaine de sa ville. S'il montre des anges, seules entités autorisées à passer à volonté de l'Est à l'Ouest sans visa, car invisibles aux yeux de la plupart des humains, il raconte aussi une histoire de l'humanité à travers un poème d'amour. À voir !

Prochains rendez-vous le 14 octobre avec le comédien et metteur en scène dauphinois Serge Papagalli autour de L'Argent de la vieille (1972), savoureuse comédie de Luigi Commencini ; puis avec le chorégraphe Jean-Claude Gallotta le 4 novembre avec Les Chaussons rouges (1949) du duo Michael Powell-Emeric Pressburger.

Les Ailes du désir, mercredi 30 septembre à 20h15 à la Nef


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