Comme un manouche en Isère au Musée dauphinois

Depuis 1982, le Musée dauphinois entreprend un cycle sur les origines des populations en Isère. Après les Italiens, les Grecs, les Arméniens et autres peuples qui ont enrichi le pays de la noix, ce sont les Tsiganes qui s'invitent en haut de la montée Chalemont. Qu'en est-il de cette vie de bohème ? La réponse en exposition.


Samedi 24 octobre, l'exposition Tsiganes, la vie de bohème ? ouvrait ses portes au Musée dauphinois. Et dès le départ, un problème se posait : celui de la dénomination. Suivant les époques, les pays, les communautés, les notions linguistiques ne sont pas les mêmes. Les Tsiganes, au sens universitaire du terme, ce sont les Gitans (souvenir « ému » d'un Brad Pitt sensationnel en Mickey dans Snatch), les Manouches, les Yéniches, les Sintis ou encore les Roms, dont chacun possède sa particularité identitaire.

Une petite précision établie à l'entrée du parcours afin d'y voir plus clair dans l'histoire de cette migration, actée à 1419 en Isère. La première partie de l'exposition s'attache ainsi à faire de la sémantique, de l'histoire, à interroger les préjugés, dévoiler des peintures représentant des Tsiganes entre fantasme romantique et réalité de la vie. Une approche dont l'aspect scientifique (que de textes à lire !) est contrebalancé par une scénographie encore une fois ludique. Vidéos, roulottes illuminées, quiz muraux et autres installations qui insufflent un rythme à l'ensemble de la présentation.

La bohème, en famille

Un développement ethnique qui se poursuit avec les pratiques culturelles des Tsiganes. Habitat, savoir-faire et profession, arts vivants et même religion : ces différentes communautés s'adaptent au territoire sur lequel elles se trouvent, tout en apportant leur petite touche personnelle. La musique est ainsi très semblable à celle du pays dans lequel elles sont, mais les musiciens y ajoutent plus de joie rythmique. Une (re)création mélodique à écouter grâce à la roue, non pas de la fortune, mais de la musique à mi-parcours de l'exposition. Django Reinhardt et Manitas de Plata sont ainsi évoqués, mais pas Yvan Le Bolloc'h étrangement. On découvre également que "narvalo" n'est pas une expression grenobloise mais un mot "romani", autrement dit la langue tsigane.

Mais qu'importe le marqueur culturel, la constante demeure la solidarité et surtout la famille. Un point mis en exergue dans la dernière partie avec un reportage photographique réalisé par Pablo Chignard de mars à juillet 2015, qui donne à voir une tout autre vision que celle, aujourd'hui plus que jamais malheureusement, véhiculée par les préjugés. L'image de grande famille, entre joie et doute.

Tsiganes, la vie de bohème ? au Musée dauphinois


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