Nicolas Hubert passe "Le Sacre" au shaker

Avec "La Crasse du tympan", le chorégraphe grenoblois Nicolas Hubert s'attaque au mythique "Sacre du printemps" en s'éloignant du simple hommage. Le résultat est visible ce jeudi à la Rampe (et début février au Grand Angle).


Le Sacre du printemps est un véritable tube dans le monde de la danse, composé par Stravinsky il y a cent ans et chorégraphié pour la première fois par Nijinski pour les Ballets russes. Une histoire de rite païen et de sacrifice de jeune fille à laquelle de nombreux artistes se sont confrontés depuis – Maurice Béjart, Pina Bausch, Angelin Preljocaj, Jean-Claude Gallotta …

C'est au tour du chorégraphe grenoblois Nicolas Hubert d'en livrer sa version avec une volonté de réappropriation évidente matérialisée dans le choix du titre (La Crasse du tympan) emprunté à Marcel Duchamp. Une référence tout sauf anodine, Nicolas Hubert ayant été formé aux beaux-arts, ce qui transparaît sur le plateau grâce à un travail remarquable sur la scénographie, la création lumière et l'ambiance chaude et chamarrée qui s'en dégage. Le tableau d'ouverture est à ce titre captivant, les cinq danseurs arrivant progressivement dans une sorte de transe au son de la partition réinventée par les trois musiciens présents sur scène et leurs instruments pas très d'époque pour certains – guitare, basse, batterie…

L'approche de Nicolas Hubert en devient décalée, joueuse (le choix de l'élue dans le dernier tableau) et volontairement dispersée, le chorégraphe ayant souhaité « rompre la chronologie de la partition musicale et la linéarité du livret » (extrait de la note d'intention). Si, lors de la générale à une semaine de la première représentation, ce dernier aspect affadissait le centre de la pièce et noyait le propos général, l'ensemble faisait montre d'une remarquable tenue aussi bien musicale que chorégraphique.

Aurélien Martinez

La Crasse du tympan, jeudi 5 novembre à 20h à la Rampe (Échirolles)


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