Mdou Moctar : futurisme touareg

Le guitariste fait entrer le blues touareg de ses aînés dans l'ère 2.0. Brillant.


On commence à vous connaître, vous êtes du genre à qui on le ne la fait pas. Alors quand on vous parle d'un bluesman touareg prodige originaire du désert du Niger, tout de suite vous pensez à Tinariwen, à Bombino ; vous vous croyez en terrain connu. Sauf que le cas de Mdou Moctar est un peu différent.

Nettement plus jeune que ses glorieux aînés, le guitariste s'est en effet d'abord fait connaître en enrichissant ses compositions psychédéliques d'une boîte à rythmes et d'un usage pour le moins surprenant de l'autotune, cette technique de modification de la voix si prisée dans le raï et la pop globalisée. Et avant de sortir sur disque, Anar, son premier album enregistré en 2008, s'échangeait avant tout sur les téléphones portables des jeunes de sa région.

Repéré par l'ethnomusicologue de Portland Christopher Kirkley, boss de l'excellent label Sahel Sounds, Mdou Moctar se fait ainsi connaître du public occidental par sa présence sur la fabuleuse compilation Music From Saharan Cellphones. Suivront ensuite l'album live Afelan en 2013, sa première sortie internationale, une réédition au format vinyle d'Anar en 2014, et en début d'année la bande son d'Akounak Tedalat Taha Tazoughai, un premier film autoproduit en langue touareg inspiré du mythique Purple Rain de Prince, dans lequel Mdou Moctar tient (quasiment) son propre rôle. Si avec tout ça votre curiosité n'est pas aiguisée, on ne sait plus quoi faire pour vous.

Mdou Moctar, vendredi 6 novembre à 20h30 à la Bobine


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