Tous proches de nous géographiquement mais peu audibles en France (hormis Erri de Luca), les écrivains italiens ont à cœur de régler littérairement le lourd passif qu'ils entretiennent avec leurs récents dirigeants. C'est ce que propose le prolixe Paolo di Paolo avec son deuxième roman traduit en français marqué du sceau d'un berlusconisme insidieux.
Dans les années 1990 et 2000, Silvio Berlusconi, homme d'affaire élu démocratiquement, « était l'alpha et l'oméga de tous nos propos, la colle inépuisable qui unissait nos paroles » écrit le jeune romancier de 32 ans dans Où étiez-vous tous. Il commence son récit à la date clé de 1993, quand Berlusconi crée Forza Italia et entre en politique. Mais, sans faire de didactisme, il raconte aussi et surtout la vie d'un enfant puis d'un adolescent pris entre ses années lycées, ses premières amours et son père prof qui trouve quelque sympathie à cette nouvelle icône starisée qu'est Berlusconi, par facilité.
Et c'est bien cette faiblesse que Paolo di Paolo met à nu. Si son style est parfois trop simple et descriptif, il parvient néanmoins à faire ressentir la démission idéologique d'un peuple au point que l'ouvrage L'Histoire du socialisme italien reçu en héritage d'un grand-père adoré est juché en haut d'une étagère, inaccessible. Tout un symbole.
Rencontre avec Paolo di Paolo, vendredi 20 novembre à 18h30 à la Bibliothèque centre-ville de Grenoble