Le « dialogue équestre et musical » de Minkowski

Événement : les fameux Musiciens du Louvre Grenoble de Marc Minkowski vont s'installer trois jours durant sous un chapiteau devant la MC2 pour donner cinq représentations de Tact et Tempo. Soit un spectacle mêlant art équestre et musique plus ou moins classique. Intrigués par ce mariage et, plus largement, par cette proposition atypique, on a passé un coup de fil au chef d'orchestre pour en savoir un peu plus. Magnéto. Propos recueillis par Aurélien Martinez


Les chevaux et vous, c'est une histoire passionnelle. Il paraît que vous aviez même imaginé travailler dans cet univers…

Marc Minkowski : Quand j'étais jeune, j'ai été entre plusieurs passions, entre plusieurs vocations : les chevaux mais aussi la musique ou encore la littérature. Puis, finalement, mon parcours a fait que la musique a tout avalé. Mais ça aurait pu tourner différemment…

Ce n'est donc pas un hasard que l'on retrouve des chevaux sur scène dans Tact et Tempo ou dans un autre spectacle que vous avez récemment créé avec Bartabas…

Oui, même si c'est un concours de circonstances qui a fait que les chevaux sont revenus dans ma vie. Ce n'était pas prémédité, ça aurait pu arriver plus tôt ou plus tard, mais c'est maintenant.

Tact et Tempo, c'est donc la rencontre entre les Musiciens du Louvre Grenoble et la compagnie Of K'Horse du cavalier voltigeur rétais Manu Bigarnet…

C'est un spectacle que l'on a monté en deux parties [Tactus a vu le jour en 2014 – NDLR] ; il est devenu un peu le symbole de mon festival Ré Majeure [fondé en 2011 sur l'Île de Ré – NDLR]. Manu est à la fois mon voisin, mon professeur, mon collègue, un de mes meilleurs amis… Le destin fait que l'on s'est retrouvés au même endroit.

Comment la scène se partage-t-elle entre les musiciens, les artistes de la compagnie et les neuf chevaux ?

Le spectacle équestre est un genre difficile à classer. Celui-ci est comme un cocktail de plusieurs genres. C'est surtout un échange entre la musique, les chevaux et les hommes. Il y a également une pointe de chorégraphie dedans, d'acrobatie, de dressage en liberté… Tout cet échange entre nos disciplines se voit sur scène. Et il y a aussi une pointe d'atmosphère de cirque comme on est sous un chapiteau. On est véritablement face à un dialogue équestre et musical.

Du côté de la musique, vous dirigez un petit orchestre à cordes issu des Musiciens du Louvre Grenoble, mais aussi le quatuor Arod…

C'est l'un des meilleurs quatuors du monde. En plus ils sont français – cocorico ! Ils sont très jeunes et viennent de rafler des concours internationaux… Ils sont vraiment brillants.

Musicalement, on entendra du Grieg, du Britten et, plus surprenant, du Hendrix !

Une séquence du spectacle avait déjà été montée avec les enregistrements originaux de Jimi Hendrix. Mais je voulais absolument qu'il y ait une homogénéité, qu'on ne passe pas d'un orchestre à de la musique enregistrée… C'est là que je me suis aperçu qu'aux États-Unis, beaucoup de formations transcrivent ce genre de musique pour des orchestres à cordes. Ce sont des mélodies universelles, agréables. Et elles ont d'autres rythmiques qui se prêtent bien au jeu des instruments à cordes.

De la musique, de l'art équestre… Un croisement de formes artistiques qui doit, du coup, permettre un croisement des publics ?

Dès que l'on met des animaux sur scène, on touche des publics différents. À l'Île de Ré, j'ai joué devant des personnes qui, ça se trouve, ne seraient jamais allés écouter un concert classique sans ça. Tant mieux donc si ce genre de forme permet d'élargir le public de la musique classique.

Tact et Tempo, du vendredi 27 au dimanche 29 novembre à la MC2

Côté actu

« Chassez le Minkowski, il revient au galop ! » : voilà comment le site des Musiciens du Louvre Grenoble annonce les dates de Tact et Tempo. Une référence à la situation compliquée avec la Ville de Grenoble qui leur a récemment sucré leur subvention ? On n'a pas pu le demander à Marc Minkowski, le chef ne souhaitant pas s'exprimer publiquement sur ces questions. Une réflexion est en cours du côté de l'orchestre quant à son avenir, réflexion qui sera rendu public d'ici quelques mois. À suivre donc. En attendant, une chose est certaine : en juin 2016, Marc Minkowski prendra la direction de l'Opéra national de Bordeaux.


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