Before I Disappear

De et avec Shawn Christensen (EU/GB, 1h33) avec Fatima Ptacek, Emmy Rossum, Ron Perlman…


On a trouvé l'équivalent contemporain de After Hours ! Polar pétri d'un humour aussi noir que le Scorsese millésimé 1986, Before I Disappear est rongé par un pessimisme bien plus tenace et marqué par le sceau d'une mort rampante. Paradoxalement, il fait de cette menace sans cesse déjouée un incroyable ressort comique. Ici, l'aboulique Richie, héros totalement involontaire, interrompt à plusieurs reprises ses liturgies suicidaires pourtant bien engagées (les veines tranchées dans une baignoire, quand même…) pour rendre service à sa sœur (alors qu'elle l'ignore superbement depuis des années) en prenant en charge sa nièce surdouée.

Le "buddy movie" s'ensuivant, dynamisé par cette paire hautement improbable oncle-serpillère halluciné/gamine-ordinateur sans affect, évoluant dans le milieu interlope des boîtes et des bowlings, est tellement improbable qu'il en devient fascinant. L'ambiance nocturne se révèle propice à un travail soigné sur la lumière, contribuant à la beauté plastique quasi anachronique du film : dans son économie globale, son absence de superflu, il évoque ce cinéma indépendant US des années 1990 bouillonnant d'énergie et de son en prise directe.

Before I Disappear prouve au passage que l'on peut tirer d'un court-métrage remarqué (Curfew, Oscar en 2013) une version longue viable sans s'égarer en chemin. Son interprète, scénariste et réalisateur, Shawn Christensen, ne devra pas être perdu de vue durant les prochaines années…


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