L'hommage sans dommages de Coltman à Nat King Cole

L'Anglais exilé à Paris Hugh Coltman s'offre un album de reprises du jazzman Nat King Cole. Et le défendra mardi soir sur la scène de la MC2.


Les parents ont une influence considérable sur leurs enfants. Ils peuvent par exemple peser sur la façon dont ces derniers aiment la viande ou sur leurs premiers goûts musicaux. Prenons l'Anglais exilé à Paris Hugh Coltman, qui nous revient avec un troisième album en hommage Nat King Cole : si on ne sait pas s'il mange le bœuf saignant ou bien cuit, on a par contre appris que c'est sa mère qui lui avait fait découvrir ce géant du crooning mort il y a tout juste cinquante ans –  elle qui l'écoutait en boucle avant de s'éteindre lorsque son fils avait sept ans, d'où l'idée du double hommage.

En découle un Shadows – Songs of Nat King Cole loin de la formule blues-pop du Coltman des premiers albums (le tubesque Could You Be Trusted par exemple) et de son groupe The Hoax, ce qui fonctionne tout autant. Car Hugh Coltman maîtrise son sujet : l'histoire d'un musicien noir qui s'est pris de plein fouet la ségrégation en place à l'époque aux États-Unis – Nat King Cole devait rentrer par la porte de service avant de donner ses concerts. Ça c'est pour le fond, que Coltman détaille autant en interview que sur scène.

Pour la forme, on est du côté du jazz racé, suave, propret par moments, mais parfaitement mené, que ce soit sur les standards du jazzman (Mona Lisa, Nature Boy…) que sur d'autres, moins connus, pour justement mettre en avant la part d'ombre du musicien souvent résumé à sa bonhomie (et à son talent). C'est que Coltman ne fait pas dans l'esbroufe, dans la modernisation à tout prix ou dans le la recherche de l'originalité. Il reste dans la pure tradition du jazz vocal, avec quatre musiciens à ses côtés (piano, guitare, contrebasse et batterie). C'est payant.

Aurélien Martinez

Hugh Coltman, mardi 8 décembre à 20h30 à la MC2


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