Un Bionic orchestra « aussi sombre que poétique »

Avec "Bionic orchestra 2.0", le beatboxer Ezra devient un véritable orchestre à lui tout seul grâce à un gant interactif lui permettant de contrôler le son, la lumière, la vidéo… Un concert atypique au résultat bluffant qui valait bien une interview. Propos recueillis par Aurélien Martinez


Bionic orchestra 2.0 est présenté comme un spectacle immersif…

Ezra : L'idée est que le public rentre dans un petit univers en se retrouvant non pas face au spectacle mais à l'intérieur. Et il va y voir une forme de performance d'une heure dans laquelle moi, un beatboxer, un être humain qui fait de la musique avec son corps, avec sa bouche, s'amuse à jouer avec un outil qui lui permet de modifier sa voix. Il s'agit de transformer une performance organique grâce à la rencontre avec la machine. C'est donc à la fois musical et gestuel – je n'ose pas dire chorégraphique parce que je ne suis pas danseur, même si la place du corps est importante. J'essaie de faire en sorte que ça soit aussi sombre que poétique.

Bionic orchestra 2.0 parle ainsi du rapport qu'entretient l'humain avec la machine…

Oui. Il questionne l'usage des machines. De l'outil en général même, des nouvelles technologies jusqu'au caillou qui sert à construire ou à détruire.

Ces nouvelles technologies sont présentes sur scène via un gant interactif imaginé à Grenoble…

Il y a le gant, oui, mais aussi tout le dispositif qui est tout autour. Le gant en est l'un des éléments, c'est la partie de contrôle, l'interface entre la machine et l'humain. Ce gant est le fruit de pas mal d'années de travail et de recherches avant de formuler ce spectacle-là. Les premières versions du Bionic orchestra datent de 2008, avec des outils qui permettent déjà de démultiplier la voix, de pouvoir contrôler le son, la lumière et la vidéo dans l'espace… On était déjà sur cette relation humain-machine. Tout ça a amené la compagnie a collaboré il y a quatre ans avec l'Atelier Arts Sciences [« lieu commun de recherche et d'expérimentation pour artistes et scientifiques » imaginé par l'Hexagone de Meylan et du CEA de Grenoble – NDLR] afin de créer ce nouvel outil pour le spectacle qu'est le gant. Cette recherche a pris deux ans.

Avec l'idée que Bionic orchestra 2.0 soit avant tout un concert et non une démonstration technique…

C'est en tout cas ce que j'essaie de faire. Que techniquement l'outil garde une place d'outil. Bien sûr, il y a des moments d'explicitation plus forts, des moments où je rentre un peu plus dans le spectaculaire ; c'est aussi ce dont parle le spectacle. Mais je voulais que cette technique, aussi complexe soit-elle, laisse place au sensible, voire à l'interprétation que les gens pourront en avoir.

Bionic orchestra 2.0, jusqu'au vendredi 11 novembre à 20h à l'Hexagone (Meylan)


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