Tom Hanks : l'homme de la rue a fait son chemin

Portrait de l'acteur à l'affiche du "Pont des espions" de Steven Spielberg.


Franchement, qui aurait misé un cent il y a trente ans sur le jeune premier ahuri de Splash – dont l'intérêt majeur était sa partenaire, la sirène Daryl Hannah ? Dans les années 1980, son air sympa et abordable cantonne Tom Hanks aux comédies romantico-gentillettes. Big (1988) de Penny Marshall, où il joue un enfant catapulté dans le corps d'un adulte, lui offre sa première grande prestation et ses premières récompenses, ainsi qu'une citation à l'Oscar. Un heureux accident dans un océan de banalités – il va même donner réplique à un chien dans Turner et Hooch

Mais De Palma, comme toujours clairvoyant, le tire de ce cercle vicieux en lui offrant le rôle principal de l'avocat du Bûcher des Vanités (1990). La suite, c'est la rencontre avec Jonathan Demme pour Philadelphia (1993). À nouveau avocat, mais malade du sida et victime de discrimination, il décroche un prix à Berlin et un Oscar. Rebelote chez Zemeckis pour Forrest Gump l'année suivante, une fable suréavaluée mais flattant l'inconscient américain en brossant sa légende dorée.

Nanti de deux statuettes à 35 ans, devenu superstar et l'un des hommes les plus puissants d'Hollywood, c'est alors qu'il commence à édifier sa carrière. À choisir des auteurs et privilégier des collaborations au long cours (Zemeckis, Spielberg, Ron Howard, Pixar). Sans se surexposer, y compris dans ses activités de réalisateur (deux films) ou de producteur épisodique marchant au coup de cœur (Mariage à la grecque). La réussite artistique n'est pas toujours au rendez-vous : 2004 est une "annus horribilis" avec Terminal de Spielberg, Ladykillers, le plus en-dedans des Coen et Le Pôle Express de Zemeckis, suivis de près par Da Vinci Code.

Après autant de déconfitures, le bonhomme s'en sort plutôt bien : le capital acquis par Les Sentiers de la perdition et Arrête-moi si tu peux n'est pas dilapidé. La stature du type droit, obstiné se dessine et se peaufine. De brave gars à la Capra, qui ne lâche rien au nom de la Constitution et fait un barbecue le dimanche ; un James Stewart contemporain, comme on le dit parfois qui, lui, vote démocrate dans le civil…


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