Shakespeare s'affiche

Zoom sur l'exposition du Centre du graphisme d'Échirolles à l'affiche jusqu'à fin janvier.


Afficher ou ne pas afficher, la question ne se pose pas aux Moulins de Villancourt. Car c'est en grand que William Shakespeare s'affiche sur les murs grâce au talent d'une quarantaine de graphistes. Une exposition réalisée à l'occasion des 400 ans de la disparition de l'auteur, dont l'œuvre littéraire foisonnante est autant source d'inspiration pour le théâtre que pour l'image.

Pensée par le Centre du graphisme d'Échirolles, Shakespeare à la folie, affiches internationales dévoile des créations réalisées durant les dernières décennies pour la représentation des pièces écrites par le dramaturge. Plus qu'une plongée au cœur du mot, l'exposition s'avère être une véritable plongée au cœur du signe, manié avec créativité et justesse par des graphistes français mais aussi polonais ou encore finlandais, d'aujourd'hui ou en activité dans les années 1970.

Découpé en trois sections selon l'œuvre de Shakespeare (les comédies, les drames et les grands faits historiques), le parcours met en regard des styles et des messages très différents. Tout en se complétant, les oppositions graphiques sont saisissantes, passant d'un découpage d'une épure prégnante à une illustration fourmillant de détails. On (re)découvre avec plaisir Yann Legendre et ses aplats d'une efficacité sans faille ; on se délecte des découpages en noir et blanc de Lanny Sommese dont les visages se dissimulent dans les couronnes (photo) ; on apprécie toute la beauté de la photographie de Holger Matthies.

La typographie n'est pas en reste et se déploie d'affiches en affiches tel un véritable catalogue de lettrines. Le mot et le signe finissent ainsi par s'emmêler pour aboutir à une image puissante qui retranscrit l'essence de la pièce avec un symbolisme particulier. Si William Shakespeare aimait jouer avec l'écrit, les graphistes aiment jouer avec les formes, pour un mariage culturel de haute plume.

Shakespeare à la folie, affiches internationales, jusqu'au vendredi 29 janvier aux Moulins de Villancourt (Échirolles)


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