Pauline s'arrache

D'Émilie Brisavoine (Fr, 1h28) avec Pauline Lloret-Besson, Meaud Besson, Frédéric Lloret…


Malgré les apparences, Pauline s'arrache n'est ni une autofiction réalisée dans le cadre d'un atelier lycéen, ni la version longue d'un épisode de la série documentaire belgo-trash Strip-tease, mais un authentique film de famille. À ceci près que le terme "film" semble exagéré (au mieux devrait-on parler "d'objet documentaire"), et que la famille considérée, pour le moins baroque (la mère fantasque, ayant eu des enfants de plusieurs lits, a épousé en ultimes noces un homme ouvertement homosexuel qui lui a donné un fils et deux filles supplémentaires, dont la fameuse Pauline) est surtout carrément dysfonctionnelle.

L'une des "demi-sœurs" aînées, Émilie, a eu l'idée saugrenue d'enregistrer en continu toutes ses visites dans l'antre familial : des mois de crises, de tensions et de hurlements filmés à la va-comme-je-te-cadre, entre le flou, le bancal et le tremblé ; entre l'impudique et le touchant, l'exhibitionnisme et le voyeurisme. De ce fatras domestique, elle a tiré un condensé, aidée en cela par un monteur que l'on devine patient. Car Émilie Brisavoine, illustratrice-graphiste, n'est pas cinéaste et le revendique – de toute façon, cela se voit…

Cependant, la proposition cinématographique résultant de sa démarche s'avère un témoignage sincère aussi singulier que la cellule familiale dont elle retrace les multiples divisions. Intrigant et instructif pour les observateurs extérieurs, Pauline s'arrache a manifestement été cathartique pour ses protagonistes ; c'est peut-être là l'essentiel, au fond…


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