La science des rêves de Boris Gibé et Florent Hamon

Deux circassiens pour un spectacle inclassable entre nouveau cirque, théâtre, danse, arts plastiques, performance… Beau et prenant.


Bienheureux sont ceux qui rêvent debout sans marcher sur leurs vies nous assurent Boris Gibé et Florent Hamon, artistes qui bossent ensemble depuis leur adolescence. Ici, on est donc loin du cirque démonstratif ; plus proche d'un art poétique riche en images. Riche en rêves même, comme l'évoque le titre.

Des rêves qui, sur le plateau, sont autant de petits films, façon début du cinéma. Le travail sonore est à ce titre remarquable : de longues parties assez silencieuses, laissant l'ambiance étrange s'installer progressivement, avant que cette ambiance ne soit justement stoppée par une musique pop ou la voix d'un des deux interprètes. Comme dans nos rêves, quand on passe du coq à l'âne avec le plus grand naturel.

Dans nos rêves où l'on croise aussi des créatures hybrides, matérialisées sur scène par le duo qui ne semble parfois ne faire qu'un – un animal à quatre jambes ici, à deux là… Dans un décor brut laissant place à l'imaginaire (un studio de cinéma abandonné ?), baigné de lumières étranges et jonché de papier journal, leurs corps incarnent différentes images : accélérées, ralenties, tournant en boucle… Celle, notamment, de la lutte contre un vent fort est, justement, très forte.

Le spectacle monte alors en tension au fil de l'heure de représentation, pour finir dans un joyeux délire régressif. Certes, nous n'avons pu découvrir cette proposition qu'en captation, mais à travers l'écran d'ordinateur, on a trouvé ça déjà très réussi.

Bienheureux sont ceux qui rêvent debout sans marcher sur leurs vies, jeudi 7 et vendredi 8 janvier à l'Hexagone (Meylan)


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