La bonne parole Sophia Aram

L'humoriste engagée donnera deux représentations à guichets fermés de son nouveau one-woman-show que l'on a vu cet automne.


L'humour est un registre difficile, où l'efficacité et la recherche d'originalité ne vont pas toujours de pair – les blagues sur la vie quotidienne, même si elles ont été plus qu'usées, font toujours recette. Avec Sophia Aram, on est là aussi sur un registre déjà bien labouré, mais beaucoup plus ambitieux et casse-gueule que les blagounettes sur l'alcool et le sexe. Car celle qui officie une fois par semaine sur France Inter se place ouvertement du côté du rire engagé et, surtout, humaniste : une valeur qu'on pourrait penser consensuelle mais qui se fait finalement assez rare en ces temps où toutes les idées ont voix au chapitre, surtout les plus rances.

Le titre de son spectacle (Le Fond de l'air effraie) annonce d'ailleurs la couleur d'emblée. Une ligne également clairement affichée sur scène, Sophia Aram naviguant entre un humour à la Bedos lorsqu'elle scrute notre société (le passage dans lequel elle analyse les deux grands succès littéraires de 2014 – Merci pour ce moment de Trierweiler et Le Suicide français de Zemmour) et des sketchs plus théâtraux mais là aussi assez politiques – mention spéciale à celui où elle incarne sa tante à l'accent hilarant choquée de l'invasion de son quartier par les bobos.

Pourtant, malgré toutes ces bonnes intentions, son one-woman-show trop poli et attendu aux entournures nous a laissé un petit goût d'inachevé en bouche. Même si, bien sûr, on lui sait gré de défendre une parole nécessaire, que ce soit sur scène, à la radio ou dans les interviews qu'elle donne – on en avait d'ailleurs demandé une avec insistance, mais sa prod nous l'a refusée ; dommage.

Aurélien Martinez

Le Fond de l'air effraie, vendredi 29 janvier à 20h30 au Coléo (Pontcharra) et samedi 6 février à 20h à l'Heure bleue (Saint-Martin-d'Hères)


<< article précédent
Encore heureux