Philippe Lafeuille : « Pour se moquer de la danse, il faut la maîtriser »

Dans "Tutu", six excellents danseurs jouent avec les codes de la danse (la classique, la contemporaine, l'acrobatique…) en une vingtaine de tableaux. Un spectacle savoureux, drôle et surtout solidement construit. Rencontre avec son concepteur avant son passage par le Théâtre municipal de Grenoble.


Comment est né le spectacle Tutu ?

Philippe Lafeuille : Avec ma compagnie Les Chicos Mambo, on revisite les grandes phases chorégraphiques depuis pas mal d'années. J'ai repris cette idée pour ce nouveau spectacle baptisé Tutu, parce que l'icône tutu est ce qui représente le mieux la danse pour le grand public.

Vous jouez justement avec les codes de la danse pour en rire…

Oui, je croque les tics de certaines danses en utilisant la parodie, même s'il n'y a pas que des choses parodiques dans le spectacle – il y a même quelques moments plutôt poétiques.

Plusieurs niveaux de lecture sont présents dans Tutu. Vous faites ainsi de nombreuses références à l'histoire de la danse, sans que ces références ne soient rédhibitoires si on ne les connaît pas. Comme cette séquence autour de Pina Bausch …

Des gens l'autre jour ont pensé que je faisais référence aux princesses Disney ! Chacun y voit donc ce qu'il a envie d'y voir. Certes, j'ai mis quelques références, mais pas beaucoup, pour que le spectacle soit vraiment grand public et amène les gens qui ne connaissent pas la danse à la connaître davantage. Et l'humour est une excellente porte d'entrée vers ce monde que certains ne considèrent pas fait pour eux.

Le spectacle est donc souvent parodique, ce qui n'empêche pas les danseurs d'avoir une très grande maîtrise technique…

Pour se moquer de la danse, il faut la maîtriser ! Je suis un chorégraphe très exigeant : par exemple, si on rit de la danse classique, le danseur est sur pointes. C'est cette exigence technique qui donne la crédibilité de Tutu je pense.

Tutu, mercredi 10 février à 20h30 au Théâtre municipal de Grenoble


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