Noël tardif au Magasin

En parallèle de l'exposition de Didier Faustino prolongée jusqu'au 27 mars, le Magasin présente les lauréats de ses expositions de Noël 2013 et 2014. L'occasion de retrouver des artistes intéressants, avec comme grand gagnant le médium vidéo.


Quand, chaque année au mois de décembre, la célébration de la naissance du divin enfant approche, le Magasin, centre national d'art contemporain de Grenoble, n'est pas avare en cadeaux et propose sa traditionnelle exposition de Noël. Organisée depuis 2007 à l'Ancien musée de peinture place de Verdun, elle rassemble entre 20 et 30 artistes ayant un lien avec la région Rhône-Alpes. Une proposition qui permet une ouverture sur la création artistique locale, et qui se trouve accompagnée de la remise de deux distinctions : le prix de la Ville de Grenoble, décerné par le jury qui a sélectionné les jeunes créateurs, et le prix Édouard Barbe, donné par un groupe de collectionneurs.

Pour chaque cru, deux artistes sont donc mis en avant et fort d'une excellente cuvée en 2013, dont un prix ex aequo, et en 2014, le Magasin présente aujourd'hui les lauréats de ces deux éditions, dans ses murs cette fois-ci. Le temps d'une exposition sont ainsi réunis les couronnés Laura Haby, Mükerrem Tuncay, Stéphanie Solinas, Laura Kuusk et Christophe Tournay. Un concentré de talents contemporains qui s'expriment en photographie, en installation, en peinture et en vidéo.

Gloire à la vidéo

Dans l'ensemble révélé, la vidéo s'affirme davantage face aux autres supports, retranscrivant avec prégnance la pensée de l'artiste et un sentiment universel. En apnée (2013) de Laura Haby ne nous plonge pas au fond de l'océan mais dans les noirceurs d'âme d'un homme évoquant sa mort programmée. Une étrange distance sans limite s'instaure grâce à une caméra qui filme au plus près du narrateur, créant ainsi une intimité ambiguë au fil du discours qui s'enregistre. Une approche à la fois documentaire (réelle ou pas), naturaliste et sociologique qui explore une dimension spirituelle troublante.

Quant à Stéphanie Solinas, elle met en regard sa série photographique L'art et une table (2014) avec des impressions Équivalences (2014) et sa vidéo La dette de l'âme (2014). Sorte de triptyque réuni autour de la formulation Le pourquoi pas ?, l'artiste partie découvrir l'Islande a finalement trouvé un « continent de la conscience ». À travers un art profondément humain tourné vers l'autre, elle filme ses contemporains. Dans La dette de l'âme, un dialogue à trois s'établit ainsi entre un médium, une dame et sa défunte amie. Avec tendresse, on découvre un récit touchant qui remet alors en question l'ensemble de nos certitudes, à savoir notre capacité à croire et à voir.

Lauréats des expositions de Noël 2013 et 2014, jusqu'au dimanche 27 mars, au Magasin


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