Bon, certes, ce n'est pas le Buster Keaton le plus connu (d'autres ont davantage traversé les années, comme le fameux Mécano de la Générale) ; pas le plus original non plus (on est sur un schéma "keatonien" classique) ; mais tout de même… Ma vache et moi (1925), c'est l'histoire de Friendless (« sans amis » en anglais), vagabond qui part tenter sa chance vers l'Ouest. Il débarque finalement dans un ranch et se lie d'amitié avec une vache elle aussi peu aimée puisque destinée à l'abattoir. En presque une heure, le spectateur aura droit à pas mal de rebondissements muets (dont une scène assez spectaculaire en fin de film) et, donc, à du pur Buster Keaton, clown triste distillant un humour physique à plusieurs niveaux de lecture – comme ce moment où il se fait piétiner par une foule, critique évidente d'un monde courant à sa perte.
Go West (le titre en VO), c'est donc une sorte de parodie de western que le pianiste Jean-Marie Gonzales, accompagnateur danse au Conservatoire de Grenoble et passionné de cinéma, va exhumer le tant d'un après-midi. Buster Keaton ? Du pain bénit pour celui qui fait des ciné-concerts depuis plus de quinze ans – on a pu le voir à la Cinémathèque, au Méliès, dans les bibliothèques de la ville… « Un film comique est plus confortable à accompagner grâce au rythme qu'il impose à la musique » nous explique-t-il. Surtout que sa façon de procéder (il improvise face aux images) est forcément plus périlleuse qu'une partition écrite à l'avance et calquée note par note sur le film. « De toute façon, même si la musique est mauvaise, le film reste lui excellent ! » C'est vrai.
Aurélien Martinez
Ma vache et moi, samedi 27 février à 16h à la Bibliothèque Kateb Yacine