Alpha Whale : des Belges très tarantinesques

Un peu de surf-garage, ça vous dit ? Oui ? Tant mieux, car celui-ci est excellent. Et sous valium.


À ceux qui se poseraient la question, « alpha whale » (le groupe programmé cette semaine à la Bobine) n'est pas simplement un terme qui rime, pour la blague, avec « alpha mâle ». Il désigne ainsi dans le langage urbain anglo-saxon un mâle alpha qui se serait un peu trop assis sur ses lauriers (ainsi que sur son canapé et son paquet de chips) et dont l'aura aurait pris un sérieux éclat au sein du groupe.

C'est exactement l'impression que nous donne Alpha Whale : celle d'une formation surf-garage au potentiel dominant mais légèrement empesé (même si, ici, notez que c'est volontaire). Ne nous y trompons pas : dès les premières notes de Black Key, qui ouvre leur album homonyme, on se croirait propulsé dans un Tarantino. Mais un Tarantino dont on n'aurait conservé au montage que les scènes au ralenti – effet renforcé par le timbre et le débit étonnamment "cold wave" du chanteur Jan.

Parfois, l'ensemble s'emballe en plagerie sucrée (New Sounds, Coco Tree) ou en garage presque assez énergique pour se prétendre punk (Strange Things) ; mais c'est pour mieux s'affaler en coups de fatigue psychés (Have Fun, Bowl of Trouble) façon Brian Jonestown Massacré, pour ne pas dire, en rêverie ravie (Shankar).

Le groupe lui-même qui, étant belge, n'a pas été privé d'humour à la naissance, qualifie sa musique de surf sous valium. Et l'on pense en effet à ce pauvre Dick Dale, jadis (mâle) alpha et omega de la surf music, surfant au ralenti guitare en main à dos de baleine, Achab endormi en bermuda. Vous savez quoi ? Ça a sacrément de la gueule.

Stéphane Duchêne

Alpha Whale (+ Young Rival), jeudi 25 février à 20h30 à la Bobine


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