Si vous avez déjà oublié qui a obtenu la Palme d'Or à Cannes en 2012, courez (sans trébucher) voir ou revoir le film-choc de Michael Haneke, Amour, lors de la séance programmée par Le Club. Fidèle à ses thématiques dérangeantes, à son cinéma de la claustration et à sa manière frontale, dépourvue de complaisance, de représenter la souffrance, le cinéaste autrichien avait saisi la Croisette avec l'histoire d'un octogénaire confronté à la démence sénile subite de son épouse. La douceur résolue, absolue, de Jean-Louis Trintignant face à l'absence de plus en plus insoutenable d'Emmanuelle Riva, et ce lien qui jamais ne se rompt entre eux par la parole, ciment à prise lente, devenant analgésique…
Coutumier du fait, Haneke brise un nouveau tabou en osant montrer ici le double visage de la maladie et de la déchéance, ordinairement réservé au domaine occulté de l'intime. Ce n'est évidemment pas par provocation malsaine, mais pour affronter ce spectre et en tirer une vision tant forte, touchante que poétique. Assimilé par lui, le réel devient surréel, dépasse le champ de l'immédiat pour se muer en interrogation métaphysique.
À l'issue de la séance, un débat très concret se tiendra pourtant, animé par Jean-Marc Calepin (psychologue et professeur à l'Université Lyon 2) et Julie Charte (gérontologue), sous la houlette d'Isère Gérontologie. À noter une projection-débat similaire jeudi 10 mars du film La Demora de Rodrigo Plá.
Amour
Au Club lundi 7 mars à 19h