Le Feu (Chatterton) sur la langue

Zoom sur l'album "Ici le jour (a tout enseveli)" du groupe avant le concert grenoblois.


« Un homme ne vous parlera pas de lui, mais donnez lui un masque, et il vous dira la vérité » disait Oscar Wilde. Arthur Teboul, chanteur de Feu! Chatterton dont on connaît maintenant la propension à théâtraliser sur scène, n'hésite pourtant pas en interview à évoquer sa peur du ridicule.

De masques il ne porte pas réellement mais un costume droit sorti de Savile Row, à Londres. Sa vérité est dans cette voix voilée déclamant ses textes, bijoux littéraires abscons ou limpides, susceptibles de plusieurs lectures, de lyrisme (sublime Côte Concorde, voir ci-contre) en talk-over (Harlem), pendant que ses quatre fantastiques acolytes tissent des atmosphères de transe entre blues western, post-rock, psychédélisme délirant (La Mort dans la pinède) et invitation au dancefloor (La Malinche).

Au fond, ces cinq-là, aux univers très différents, ne produiraient sans doute pas la même musique séparément. C'est ensemble et ensemble seulement qu'ils construisent le Feu! Chatterton, ce masque collectif qui leur permet d'affronter les éléments comme s'ils avaient fait leur cette phrase de Vigny tirée de... Chatterton: « La vie est une tempête, mon ami, il faut s'accoutumer à la mer. » Ils sont dans le même bateau, ils y ont mis le feu, comme à la pinède, comme au rock français, voilà leur vérité. Brûlante. SD

Ici le jour (a tout enseveli) (Barclay)


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Thierry Collet : « Titiller le libre arbitre du spectateur »