Panteros666 : « En musique, je suis polygame »

Passionné de musiques club comme de sonorités plus expérimentales, fasciné par les nouvelles technologies et la cyberculture, Panteros666 du collectif Club Cheval est avant tout un artiste généreux et exalté par le futur. Interview avant son DJ-set de vendredi au Vertigo. Par Damien Grimbert


Vous avez une approche de la musique très décloisonnée, pas du tout hiérarchisée…

Panteros666 : En fait, j'ai commencé la musique à sept ans par la batterie et j'ai tellement été baigné dans l'académisme depuis le début que vers 14/15 ans, j'en ai eu marre de cet univers fermé et j'ai envoyé tout valdinguer. On bossait des morceaux vraiment pas fun, très techniques, qui étaient centrés sur la performance, la virtuosité et les nuances. Mais pour moi, la qualité musicale ne venait pas de là, je cherchais autre chose. Du coup, j'ai commencé à m'autoformer en écoutant de la jungle, et plein de trucs qui étaient fait par des boîtes à rythmes… J'en avais marre des humains qui jouaient de la musique !

Vous êtes connu pour votre passion de la grosse techno/house belge des années 1990, très chargée, très mélodique…

Pour moi, ça représente vraiment un fantasme musical, cette techno à la fois hyper futuriste mais aussi marrante, conviviale… Si je suis tombé amoureux de la musique électronique c'était aussi pour l'acte humain qu'il y avait derrière : se marrer pendant des heures avec ses potes, danser, discuter de tout et de rien… C'est de la musique qui accompagne la vie ! Et justement, pour moi, la techno belge des années 1990 incarne vraiment ça : c'était un son novateur, extravagant, à la fois influencé par des mecs comme LFO et toute la scène électronique expérimentale anglaise, mais aussi complètement centré sur le dancefloor, sur le fun. Et ce sont ces valeurs là qui me plaisent le plus dans la house ou la techno.

C'est une vision complètement à rebours de la techno austère et rigoriste qui fonctionne à plein régime ces dernières années…

Après, j'adore les trucs sombres aussi, je n'ai pas 666 dans mon nom pour rien ! Mais je préfère quand il y a de la mélodie derrière l'obscurité, quand ce n'est pas juste une absence de quelque chose – je ne suis pas du tout nihiliste comme beaucoup d'Allemands qui font de la techno complètement décharnée, squelettique. J'adore ça aussi mais ce n'est pas ma culture. Moi je suis quelqu'un d'assez généreux et coloré, pas du tout austère et ça se ressent dans ma musique. Même si j'ai un background de batteur, même si je suis obsédé par le rythme et sa puissance, pour moi une bonne chanson, c'est aussi une mélodie qui te traîne dans la tête des heures et des heures et que tu as envie de réécouter, c'est un peu comme du sucre.


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