"2084" : Boualem Sansal dégomme l'opium du peuple

L'auteur algérien viendra présenter à Grenoble son fameux "2084 : la fin du monde", dans lequel il n'est pas tendre avec le concept de religion. Un débat qui s'annonce passionnant. Aurélien Martinez


Page 17 : « On ne sait pas les raisons de ces restrictions. Elles sont anciennes. La vérité est que la question n'avait jamais effleuré un quelconque esprit. » Page 46 : « Dans son infinie connaissance de l'artifice, le Système a tôt compris que c'était l'hypocrisie qui faisait le parfait croyant, pas la foi qui par nature oppressante traîne le doute dans son sillage, voire la révolte et la folie. » C'est clair, précis : dans 2084 : la fin du monde, l'écrivain Boualem Sansal, censuré dans son pays (l'Algérie), taille un costard à la religion en inventant un pays (L'Abistan) qui a tout d'un totalitarisme orchestré autour d'un Dieu tout puissant. La première partie du récit s'attache ainsi à mettre en place ce système d'enfermement ubuesque façon 1984 de George Orwell – Sansal s'est visiblement fait plaisir… Jusqu'au jour où un homme va se mettre à douter…

Plébiscité par Michel Houellebecq, récompensé par le Grand Prix du roman de l'Académie française, 2084 est une fiction comme l'a écrit l'auteur en avertissement. « Dormez tranquilles, bonnes gens, tout est parfaitement faux. » Que cette fiction soit l'œuvre d'un romancier laïque et profondément engagé donne évidement davantage d'ampleur à l'arrière-plan à peine masqué – « cela fait quinze ans que j'attire l'attention des gens sur l'évolution de l'islamisme » a expliqué Sansal en interview. Sa venue à Grenoble, en amont du Printemps du livre, promet d'être passionnante.

Rencontre avec Boualem Sansal
À l'Auditorium du Musée de Grenoble, vendredi 4 mars à 18h30


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