"Vertigo" : et à la fin, il n'en reste plus qu'un…

Le chef-d'œuvre d'Hitchcock, devenu "Sueurs froides" en français, est sans doute l'un des plus grands films de l'histoire du cinéma. Oui oui.


Le temps aura fini par rendre justice à l'œuvre la plus spectaculairement audacieuse d'Hitchcock. Dédaigné à sa sortie – voire méprisé par un public décontenancé que le cinéaste britannique spécialiste du suspense ait eu l'outrecuidance de s'extraire de la case où il l'avait trop tôt relégué – Vertigo (Sueurs froides en français) n'a cessé au fil des ans de gagner des admirateurs à sa somptueuse cause. Au point qu'il détrône aujourd'hui l'étalon Citizen Kane de Welles au palmarès des films les plus importants de l'histoire du cinéma, selon le classement décennal de la revue de référence Sight & Sound.

Rien d'étonnant à cela : Vertigo combine la beauté tragique d'une histoire d'amour mélodramatique et macabre à un canevas policier ; il est émaillé d'innovations techniques ahurissantes (dont le travelling compensé – ou "dolly zoom" – engendrant des distorsions optiques dont ne saurait plus se passer à présent), d'une séquence onirique avant-gardiste d'anthologie et de contributions si fameuses que sa distribution à des allures de "all star game". Saul Bass signe le générique, Bernard Herrmann compose une suite belle comme un poème symphonique – une de ces partitions indépassables et envoûtantes qui jamais ne rongent ni ne lassent. Célébration de la mélancolie nécrophile et du voyeurisme, passeport pour l'éternité de Kim Novak, Vertigo est à mille égards une curiosité…

Vincent Raymond

Vertigo
Au cinéma Art et Plaisirs (Voreppe) vendredi 11 mars à 20h30


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