Hikikomori désincarné pour Joris Mathieu


C'est l'histoire d'un spectacle qui promettait beaucoup et dont il ne reste que peu de choses. Joris Mathieu, metteur en scène et directeur de l'un deux Centres dramatiques nationaux dédiés au jeune public (à Lyon en l'occurrence), s'est penché sur le cas aussi passionnant qu'inquiétant des hikikomori, phénomène au départ japonais. Soit des ados qui se cloîtrent dans leur chambre pour fuir une difficulté et n'en sortent plus, pas même pour manger. Afin de raconter ce mal-être, Joris Mathieu a écrit trois versions diffusées au casque en fonction de l'âge des spectateurs. Des spectateurs qui entendent donc les propos du père, de la mère ou de l'enfant.

Pourtant, si l'idée qu'en sortie de salle les enfants puissent nouer un dialogue à égalité avec leurs parents est lumineuse, il faut d'abord traverser cette heure de spectacle trop désincarné pour émouvoir, faute d'un récit très parcellaires, avec des paroles rares et éthérées. En avant du plateau, le père et la mère vont et viennent avec une extrême lenteur, jusqu'à glisser comme Alice dans ce terrier que leur fils s'est construit : un dispositif imposant sur lequel sont projetées des images certes très séduisantes mais vaines.

Bien sûr, Joris Mathieu cultive avec une forte maîtrise technique cette ambiguïté entre l'imaginaire et le réel, l'existence ou non de cet enfant. Mais à ainsi étirer sa création, il ne parvient pas à éviter l'ennui et surtout annihile les capacités de ses comédiens qui n'ont plus rien à jouer et pourraient être remplacés par des créatures numérisées. Glaçant constat.

Hikikomori, le refuge
À l'Hexagone de Meylan, du mardi 15 au jeudi 17 mars

Au TNG du 12 au 18 octobre


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