Room

de Lenny Abrahamson (Can./Irl., 1h58) avec Brie Larson, Jacob Tremblay, Joan Allen…


Étonnante symétrie que celle de ce film, construit en diptyque (ou, si l'on suit la mode, comme une mini-série en deux épisodes accolés) ; deux volets successifs sur l'enfermement. Au mitant de Room intervient la libération (haletante) de la mère et du fils qu'elle a eu en captivité. Et au huis clos entre ces deux êtres fusionnels succède alors le traumatisme… de la gestion post-traumatique : le fils découvre un monde infini et s'épanouit, sa génitrice se claquemure en elle-même. Un concentré d'Œdipe qui se résoudra dans la séquence finale. Malgré quelques lourdeurs (le pesant accent porté sur le fiston, sur lequel il faudrait qu'on s'extasie), Room s'en sort plutôt bien dans la catégorie enlèvement-réclusion : une vision du très mitigé À moi seule (2012) Frédéric Videau, inspiré de l'affaire Natascha Kampusch, permet de s'en convaincre…

Il est, à plus d'un titre, intéressant que les votants de l'Académie des Oscars aient salué l'interprétation de la comédienne principale de Room. Une fois n'est pas coutume, ils ne se sont pas fait embobiner par la prestation de l'enfant (le critère “mignon” biaise toujours le jugement critique), mais ont tenu à distinguer le jeu de l'actrice, en particulier l'effacement et l'effondrement de son personnage dans la seconde partie. Le triomphe surprise de la jeune Brie Larson (balayant Blanchett, Rampling, Lawrence et Saoirse Ronan, sa concurrente de Brooklyn) célèbre aussi une nouvelle génération : belle plante sans être hyper sexuée, passant des séries télé aux productions indépendantes sans sourcilier, c'est une bosseuse plus qu'une carriériste planifiant la moindre apparition. Un peu de fraîcheur dans ce monde de dupes…

VR


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