Mariage en vue entre le Ciel et la Belle électrique

Au printemps dernier, le Ciel, petite salle de concert située près de la place de Verdun, voyait son avenir menacé par une baisse soudaine de subventions de la part de l'État. Où en est-on aujourd'hui alors que le site web du lieu n'annonce plus aucun événement ? On fait le point – et donne une piste dans le titre de l'article. Aurélien Martinez


Scoop : le Ciel ne s'appelle pas tout à fait le Ciel. Bien sûr, c'est le nom affiché rue Condillac, au-dessus de la porte d'entrée de la salle, mais le Ciel appartient à une entité plus grande : la Régie 2C. Le deuxième C ? Celui de la Chaufferie, équipement culturel situé dans le quartier Abbaye-Jouhaux. Un regroupement effectué en 2001 par la Ville de Grenoble dans le but de valoriser les musiques amplifiées, avec une Chaufferie dédiée aux pratiques amateurs et un Ciel aux groupes en voie de professionnalisation – une cinquantaine en résidence par an ces derniers temps.

Sauf que le mois dernier, la municipalité Piolle a annoncé qu'elle changeait les orientations de la Chaufferie, qui devient maintenant « un pôle jeunesse dédié aux 11-17 ans » géré directement par la Ville et du coup séparé des activités de la Régie 2C. Laurent Simon, directeur de la régie (qui devient de facto plus que directeur du Ciel), revient sur ces changements avec lesquels il est en parfait accord : « Tout remonte à la nouvelle de la Direction régionale des affaires culturelles en mai dernier [une baisse inattendue de 50 000 euros de subvention – NDLR] qui, comme on le prévoyait, a entraîné une baisse du Conseil général. En tout, on a perdu presque 100 000 euros sur notre budget. On s'est du coup tout de suite réinterrogé sur le périmètre complet de la Régie 2C, comme il allait falloir faire avec moins. Une réflexion déjà bien entamée avec l'arrivée en janvier 2015 de la Belle électrique qui a changé pas mal la donne dans le cadre du label smac – scène de musiques actuelles. »

Un label pas que pour la Belle

Le prestigieux label smac attribué par l'État : voilà ce qui anime aujourd'hui Laurent Simon. « La Belle électrique ne peut pas assumer seule toutes les missions du cahier des charges smac, notamment niveau accompagnement d'artistes. Dans notre projet, le Ciel va s'ouvrir à la répétition pour tous les musiciens quel que soit leur niveau de pratique. On va aussi faire tout un travail sur le repérage. »

Une démarche soutenue par Frédéric Lapierre, le directeur de la Belle électrique. « L'État ne sait toujours pas s'il va aller sur une smac à deux têtes comme prévu depuis de nombreuses années. Pour ma part, je souhaite et j'espère qu'on va y arriver parce qu'aujourd'hui la Régie 2C recentre ses missions sur le Ciel ; des missions qui correspondent parfaitement au label smac. Mais évidemment, si on n'est pas labélisés ensemble, on s'appuiera quand même sur le Ciel. »

« Un lieu de découverte »

Car quoi qu'il arrive, Laurent Simon souhaite que l'activité du Ciel perdure, même si les derniers signaux n'allaient pas dans ce sens. Ceux qui suivaient de près ou de loin l'activité de la salle s'en étaient ainsi rendu compte : elle n'organise plus de concert depuis le printemps dernier. « Oui, on va reprendre la programmation à partir de début 2017, toujours avec la même ligne de découverte internationale. On va aussi affirmer encore un peu plus la prédominance de la programmation féminine, notamment avec les 20 ans du festival Les Femmes s'en mêlent en 2017. »

Si smac à deux têtes il y a, le Ciel ne sera donc pas qu'une annexe de la Belle électrique pour les activités moins grand public. « On conçoit vraiment le Ciel comme le club, le lieu de découverte. Je me suis battu dans ce sens pour que l'activité perdure. » Une réunion entre les différentes tutelles est prévue cette semaine, sachant que plusieurs partenaires publics ont changé de visage depuis que le projet est dans les tuyaux – le département et la région sont ainsi passés à droite en 2015. Mais Frédéric Lapierre l'assure, tout le monde est attentif au projet. Laurent Simon : « On a d'ailleurs un beau soutien de la Ville de Grenoble. » On attend donc d'être officiellement conviés au mariage.


<< article précédent
Vince et Zep au-delà du désir avec "Esmera"