"M*A*S*H" : à la guerre comme à la guerre

Le chef d'œuvre de Robert Altman, sorti en 1970 et Palme d'or à Cannes, est à revoir ce mercredi soir à la salle Juliet Berto.


C'est grâce à Robert Altman que les État-Unis, plongés dans le marasme vietnamien, débutèrent leur catharsis à travers le cinéma. Car avant que Coppola, Cimino ou Ashby ne donnent leurs visions dramatiques du conflit, le grand Bob réalisait M*A*S*H (1970). Une évocation satirique et libertaire de la guerre de Corée ne laissant cependant personne dupe : quelle que soit l'époque, les porteurs d'uniformes et leur hiérarchie sont toujours les mêmes ! Altman s'ingénie donc à les ridiculiser en transformant un camp en capharnaüm digne d'une colloc' de hippies où s'égaille une bande de joyeux drilles – des médecins militaires davantage préoccupés par les courbes du personnel infirmier ou leurs clubs de golf que par la gloriole et le drapeau. Entre les lignes et derrière le front, l'institution en prend pour son grade, et les gradés ne sont pas épargnés.

Immense succès malgré (ou à cause de son caractère subversif), M*A*S*H vaudra à Altman sa première distinction suprême internationale, la Palme d'or à Cannes – le cinéaste demeure le seul à avoir conquis en sus un Ours d'or à Berlin et un Lion d'or à Venise. Le film contribuera à imposer Donald Sutherland, Elliott Gould et Robert Duvall parmi les visages du nouvel Hollywood, et connaîtra même une déclinaison télévisuelle portée par son thème, devenu un hymne de fin de soirée, Suicide is painless. Coécrite par le fiston Altman, la chanson avait rapporté au gamin 1 million de dollars, quand son père n'avait touché que 70 000$ pour le film. La guerre, quelle injustice...

M*A*S*H
Au Ciné-Club de Grenoble mercredi 16 mars à 20h


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