"Vader" : Peeping Tom dans l'antichambre de la mort

Un spectacle entre danse et théâtre par l'excellent collectif belge Peeping Tom. Glaçant et très lynchien.


Une maison de retraite aux murs beaucoup trop immenses : un décor inquiétant pour une ambiance qui l'est tout autant. Un homme vient déposer son père dans cette salle des pas-perdus, avant de vite filer. Logique, personne n'aurait envie de rester ici, avec ces autochtones étranges… Sauf que tout ne sera pas si simple pour le fils comme pour le père…

Avec ce premier volet d'une trilogie baptisée Père-Mère-Enfants ("vader" signifie père en flamand), le collectif belge Peeping Tom, qui explique travailler sur « les fantômes qui hantent nos maisons », met en place une danse-théâtre aux accents lynchiens forte en images et en émotions. Car avec eux, on s'écarte très vite du soi-disant réalisme de la situation (on n'est pas du côté du spectacle documentaire) pour plonger au cœur d'un oppressant huis clos sans réel fil narratif.

Sur scène, les interprètes de la compagnie jouent parfaitement des ruptures avec leur danse désarticulée et leur théâtre économe en mots pour happer le spectateur et le guider dans ce monde entre vie et mort. À leurs côtés, un chœur de figurants différent dans chaque ville compose les pensionnaires de cette maison de retraite. Des hommes et des femmes qui semblent tout faire pour oublier la solitude qui, visiblement, ne les quittera plus. Effrayant, vraiment.

Aurélien Martinez

Vader
À la Rampe (Échirolles) mardi 22 et mercredi 23 mars à 20h


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