Avec Jean-Pierre Angei, l'habit fait la photo

Plus qu'un objet usuel ou qu'un signe de personnalité, le vêtement devient sculpture vivante dans les photographies de Jean-Pierre Angei. Brouillant les limites de la perception par une mise en scène ton sur ton, l'artiste aiguise notre regard et interroge la forme.


Si d'ordinaire il ne prend vie que sur un corps, avec Jean-Pierre Angei le vêtement prend son envol en solitaire pour se parer d'une aura particulière grâce, justement, à l'absence du corps. Photographiant les créations de la styliste Catherine Valentin sur le tissus d'origine qui a sculpté la pièce, étrange et poétique mise en abyme qui brouille la perception et les limites préétablies, l'artiste esquisse une série de portraits habillés sans chair mais avec de l'âme.

Intitulé L'envol, l'ensemble dévoile des kimonos, des robes et des manteaux qui se dessinent en ligne, en creux et en drapé, créant ainsi des volumes habités, réflexion de formes en mouvement. L'habit, marqueur sociologique et seconde peau pour l'humain, s'affranchit de son mannequin pour devenir une présence énigmatique libre. Avec noirceur, la fibre sombre plonge le regard dans une nuance mélancolique qui va au-delà de la tenue quand l'étoffe beige crée un fondu entre la matière à l'épiderme. Plus qu'une simple enveloppe, les vêtements de Catherine Valentin prennent vie sous l'objectif de Jean-Pierre Angei qui, en décalant le regard, déroule une histoire du stylisme, de l'art et du corps.

L'Envol
À l'Alter-Art jusqu'au dimanche 27 mars


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