Stephan Eicher : Automatic Lover

Le Suisse sera en concert avec son petit orchestre d'instruments acoustiques (carillons, tuyaux d'orgues, bobines tesla, piano) et automatisés. Plus le temps passe, moins on parvient à se lasser de Stephan Eicher. Il faut dire qu'il ne nous aide pas. Stéphane Duchêne


Combien d'exemples dans la pop culture d'hommes tombés amoureux d'automates, du Casanova de Fellini à la série suédoise Real Humans, de L'Homme au sable d'Hoffman (le Hoffman des « contes ») au Ex-Machina d'Alex Garland ? C'est au tour de notre ami Stephan Eicher que de succomber au charme automate, même si lui le fait en tout bien tout honneur et sans aucune autre ambiguïté que musical. Encore qu'il y a sans doute derrière le projet scénique « Und di Automaten » quelque chose à même de raviver le désir. Le désir musical, l'envie non de se reproduire (avec un automate, ce n'est pas gagné) mais de se renouveler. Chose pour laquelle Eicher a toujours eu un véritable don.

C'est ainsi qu'entouré d'une armée de drôle de machines (xylophone, cloches, piano automatique, orgue de lumière), ce maître des marionnettes d'un nouveau genre a entrepris de se produire seul sur scène. Seul mais pas seul, puisqu'il y a les machines, au garde-à-vous de la fantaisie du Suisse. Et de sa rigueur aussi, puisque le chanteur doit se muer en chef d'orchestre. Adepte du contre-pied, entre adaptation de classiques et nouvelles chansons, Eicher, dépositaire d'une vision paradoxalement passéiste de la modernité, construit avec ses automates un pont entre passé et futur. Et redonne un beau présent, une belle présence à une œuvre sous-estimée à laquelle on a parfois tendance à revenir comme un amoureux automate.

Stephan Eicher

À la MC2 jeudi 24 mars à 19h30


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