"Le Sorelle Macaluso" : les belles sœurs d'Emma Dante

La metteuse en scène italienne livre une touchante fable sociale sur sept sœurs confrontées à la mort de l'une d'elles.


Le temps est un bon outil de mesure de la qualité des spectacles. On s'explique : si certains, clinquants, nous embrasent sur le coup, ils peuvent ensuite très vite s'effacer de notre mémoire ; quand d'autres, plus discrets, marquent davantage les esprits sur la durée, presque sans le vouloir. C'est le cas de la pièce Le Sorelle Macaluso de l'Italienne Emma Dante, que nous avons découverte en 2014 au Festival d'Avignon, en "simple spectateur" – on ne savait pas encore à l'époque qu'il y allait avoir une tournée française ensuite, et donc une critique à livrer. Un an et demi après, alors qu'il s'agit de nous atteler à l'écriture d'un papier, on constate que beaucoup d'images sont toujours enfouies en nous ; que l'on est encore touchés par l'émotion fine de cette fable sociale.

Sur scène, sept sœurs ("sorelle" en italien) pleurent le décès de l'une d'elles. C'était pendant l'enfance, mais les répercussions de cette journée à la mer se font toujours sentir. Elles sont là, alignées face au public. Elles sont arrivées à l'âge adulte, même si tout (leurs postures, leurs gestes, leurs remarques…) les ramènent à l'enfance. « Les familles pauvres sont comme condamnées à vivre suspendues dans un entre-deux, dans des limbes » explique la metteuse en scène sicilienne qui évite finement l'écueil du pathos grâce, justement, à cet "entre-deux" matérialisé sur le plateau. Un sobre et touchant morceau d'Italie oubliée.

Aurélien Martinez

Le Sorelle Macaluso
À la MC2 du mardi 5 au samedi 9 avril


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