Parfum de Printemps

de Férid Boughedir (Fr./Tun., 1h39) avec Zied Ayadi, Sara Hanachi, Fatma Ben Saïdane…


Si, dans les faits, la Révolution de jasmin tunisienne a commencé par une immolation à Sidi Bouzid, Férid Boughedir lui imagine des prémices plus fleur-bleue. Cette manière “romantique” de reconsidérer l'Histoire immédiate peut surprendre ; pourtant, elle vaut (par l'esprit, conservons des proportions à chaque entreprise) la latitude que s'octroyait Shakespeare en relatant les guerres civiles britanniques, ou Musset lorsqu'il façonnait Lorenzaccio à partir des rivalités à la cour florentine.

Parfait candide, le héros de Parfum de Printemps parcourt une capitale-cocotte-minute peu avant que Ben Ali ne soit déposé. Indifférent aux factions, imperméable aux idéologies, hermétique aux événements, le brave garçon joue pourtant à son insu (mais par amour) un rôle déterminant dans la Révolution. La fable rappelle en cela Bienvenue Mr Chance de Hal Ashby, en gentillet (Zied Ayadi surjoue quand Peter Sellers visait l'understatement) ; quant à Boughedir, il renoue timidement avec l'érotisme de son film le plus connu, Halfaouine. Mais là aussi, en plus naïf…VR


<< article précédent
Mandarines