Cathartique et vindicatif à la fois, l'œuvre de Sylvie Réno opère un déplacement ambigu au sein même de son matériau d'élection : le carton. Cette matière pauvre apprivoisée au début de sa carrière est devenue au fil des ans une obsession qui traduit en découpes, métamorphoses et superpositions les quiétudes d'un quotidien commun mais aussi personnel.
Si ses premières sculptures étaient monumentales et peintes, elles sont aujourd'hui révélées dans leur matérialité originelle. On se retrouve face à une réalité troublante où la minutie du geste gommerait presque le simulacre de la mise en scène. Du Nokia 3310 au Mac d'Apple, le carton taille une histoire de la consommation aussi éphémère que durable, dans sa banalité la plus déconcertante. Face aux verrous et aux vanités, l'artiste exprime une intériorité propre à son vécu, cherchant à extérioriser des maux.
Et quand la maîtrise plastique devient étouffante, Sylvie Réno se libère avec des fresques murales semblables des peintures abstraites. Faites d'objets glanés dans la rue, ces installations distillent des fragments de vie, abandonnés, pour une ultime tentative sublimation de l'ordinaire.
Meublez vos rêves
À l'espace Vallès jusqu'au mercredi 30 avril