La volte-face de Voltaire

Peu enclin aux courbettes, Voltaire devenu indésirable à la Cour comme à Genève et brouillé avec le roi de Prusse s'est installé, au milieu du XVIIIe siècle, dans l'Ain, aux confins de la Suisse, pour y passer les vingt dernières années de sa vie. Nadja Pobel


Depuis 1999, le château de Voltaire est propriété de l'Etat. Il est administré par le Centre des monuments nationaux de France et est même classé Monuments historiques. Il fallait bien tous ces macarons décernés par le Ministère de la culture pour dire à quel point cette bâtisse est un passage incontournable de l'histoire littéraire de ce pays. Et même sociale.

Fervent défenseur des nobles causes (les affaires Calas, Sirven), Voltaire s'est battu contre l'affranchissement des serfs jurassiens et l'octroie de franchises sur cette terre du pays de Gex où il vécut dès 1758, à 64 ans. C'est dans ce château, dont les premières traces remontent à 1312, qu'il réunissait ce que la société des Lumières comptait de personnages haut-placés (hommes d'affaires, écrivains, artistes…). On retrouvait en permanence sur place une cinquantaine d'invités que l'écrivain pouvait notamment héberger dans les pièces des deux ailes rajoutées de chaque côté du bâtiment après cinq ans de travaux.

Ferney ou la destinée

Si c'est en ce lieu que Voltaire rédiga notamment son immense correspondance,  son Dictionnaire philosophique et quelques contes (Candide, L'Ingénu), il se prêtait aussi volontiers à des activités manuelles dans ce qu'il nomma lui-même « l'auberge de l'Europe ». Très attentif aux rénovations qu'il entreprit, il fut aussi très concerné par le jardin qu'il transforma en ferme productive en l'équipant des meilleurs outillages agricoles et fit aménager un verger très dense. De même, il demanda à ce que l'on plante des mûriers afin de favoriser l'élevage de vers à soie qui servaient à la filature à tisser les bas installée au château.

Actuellement, une nouvelle rénovation est en cours mais le parc, avec vue sur le Genevois, les Alpes et même le Mont-Blanc, est librement accessible. S'il reste en ce lieu le cadre des rencontres intellectuelles majeures du XVIIIe siècle, rien ne subsiste du corps de Voltaire, mort à Paris  le 30 mai 1778  et dont les cendres ont été portées en grande pompe au Panthéon en 1791.


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