Le cinéma de quartier des Barbarins fait le grand écart

Choc des cultures en perspective pour la 40e édition du cinéma de quartier des Barbarins fourchus, qui oscillera d'un soir sur l'autre entre perles psychédéliques oubliées du cinéma bis des années 1970 et séries Z 80's ineptes d'un hallucinant mauvais goût. Damien Grimbert


Loin de l'uniformité aseptisée dont souffre une part conséquente du cinéma contemporain, l'univers du cinéma bis offre a contrario une infinité de possibles. Ce dont témoignent justement ces deux soirs de projection organisés à la Salle Noire par l'équipe des Barbarins fourchus, qui regrouperont successivement le meilleur et le pire de ce cinéma méconnu.

Lors de la première soirée, c'est ainsi deux chefs-d'œuvre éblouissants du cinéma britannique du début des années 1970 qui seront à l'honneur. Réalisé par Robin Hardy en 1973, le fantastique The Wicker Man (en photo) suit ainsi le chemin de croix d'un sergent de police dévot, rigide et austère, parti enquêter sur la disparition d'une jeune fille dans une petite île d'Écosse coupée du monde, dont les habitants ont rejeté le christianisme pour s'adonner à des rites animistes païens ancestraux.

Partageant avec ce premier film un goût affirmé pour le mystère et les atmosphères oniriques troubles teintées de surréalisme, Don't Look Now de Nicolas Roeg suit quant à lui le séjour mouvementé à Venise d'un jeune couple qui se remet avec difficulté de la mort accidentelle de leur petite fille.

Par-delà le bien et le mal

Si l'on ne s'appesantira volontairement pas plus sur ces deux excellents films pour mieux laisser le plaisir de leur découverte au spectateur, on ne s'embarrassera en revanche pas des mêmes précautions pour les deux autres projetés le lendemain. Sélectionnés par l'équipe de Nanarland dont le dévouement exemplaire et la perspicacité tordue en matière d'aberrations filmiques fauchées n'est plus à prouver, Piège Mortel à Hawaï et Mad Foxes n'ont de toute manière pas véritablement de déroulement scénaristique digne de ce nom.

Avant tout prétextes à laisser patauger le spectateur dans ses plus bas instincts (nudité, sexe, violence et humour de quatrième zone), ces deux ovnis filmiques, tournés avec des bouts de ficelle et défiant tout semblant de logique, mêlent à n'en plus finir bikers néo-nazis, pythons contaminés, karatékas naturistes, poupées gonflables explosées au lance-roquettes et autres joyeusetés absurdes jusqu'à l'épuisement total des sens… et de leur budget.

Cinéma de quartier #40
À la salle noire mardi 26 et mercredi 27 avril à 19h


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