Après Casque d'Or la semaine dernière, le Ciné-Club de Grenoble poursuit son hommage à la reine Simone Signoret avec une œuvre devenue extrêmement rare, Judith Therpauve (1978) – dans laquelle le personnage qu'elle incarne est justement surnommé Reine. Bien qu'il ne s'agisse que de la deuxième réalisation de Patrice Chéreau, ce sont déjà des retrouvailles avec la comédienne, à qui il avait confié une présence dans le hiératique et théâtral La Chair de l'orchidée trois ans plus tôt. Le rôle est, ici, central : celui d'une femme appelée à diriger un quotidien de province à la dérive, se heurtant aux inerties internes comme à une concurrence roublarde. La mécanique de la presse s'y trouve démontée pièce par pièce par un expert (l'auteur, Georges Conchon, fut journaliste) ; et même si le cadre semble appartenir à quelque lointaine archéologie, les problématiques exposées (politiques et économiques) sont toujours d'actualité.
Silhouette prématurément vieillie la faisant ressembler aux vieilles dames de Faizant, Simone Signoret incarne cette “Résistance” à l'adversité de laquelle Judith est issue ; un bloc de stabilité dans un décor en train de se déliter. Rempli d'individus veules, de rats prompts à quitter le navire et de rapaces, ce film n'est certes pas à visionner un soir de déprime ! Mais il nous remémore le talent d'une comédienne sachant suggérer la tragédie sans recourir aux grandes eaux et s'imposer sans être massive. Une belle (re)découverte à faire.
Judith Therpauve
Au Ciné-Club de Grenoble mercredi 4 mai à 20h