"Baden Baden" : chronique d'un été

de Rachel Lang (Fr./Bel., 1h34) avec Salomé Richard, Claude Gensac, Swann Arlaud


Concentré d'époque, Baden Baden appartient à cette catégorie de films ayant l'art de fixer une ambiance. Il tire sa substance originale non pas d'un dialogue brillant ou d'une construction scénaristique habile, mais de l'atmosphère qu'il parvient à restituer. À partir d'un argument ténu (le retour sur un coup de tête d'une jeune femme lisse de prime abord chez sa grand-mère à Strasbourg), la chronique d'un été particulier va se dérouler, au gré de séquences en apparence décousues, mais suffisamment allusives pour que l'on puisse recomposer dans les grandes lignes le passé compliqué de la protagoniste (ses amours éteintes, ses distorsions familiales…) comme son présent (une existence vaguement à la dérive).

Cette plongée dans la vie de l'inconnue qui nous est donnée pour héroïne se fait avec un minimum d'éléments ; une série de mises en situations jouant sur l'humour à froid et la longueur des plans. Il y a autant d'art chez l'auteure à échafauder ce puzzle, que de plaisir pour le spectateur à l'assembler. Quant au bout-à-bout de ces fragments, s'il ne délivre pas de réponse (puisqu'il n'y a pas de mystère à proprement parler), il nous donne l'impression de connaître, de comprendre un personnage. Et nous fait nous y attacher.

La “faute” en incombe à la comédienne Salomé Richard, étonnante garçonne en short (quasi sosie de la cinéaste), entourée par la jeune garde du cinéma français – Swann Arlaud, Olivier Chantreau. Une nouvelle génération se jette ici dans le grand bain ; elle pourrait bien faire des vagues…


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