Zëro dëfaut

Retour impeccable des noiseux lyonnais Zëro avec l'album "San Francisco", débobiné vendredi soir sur la scène de la Bobine en compagnie d'Owun et Hyperculte.


Zëro. Avec un tréma autant qu'un trauma, le même qui trônait par dessus l'ancien avatar qu'était Bästard. L'un comme l'autre, l'un succédant à l'autre, sont deux légendes de la noise lyonnaise. Lyonnaise mais pas que. Noise mais pas que.

En quatre ans d'existence (si l'on occulte leur vie passée sous le nom de Deity Guns), Bästard a creusé le sillon de tout un pan du rock expérimental français (noise donc, jazz bruitiste, no wave autant qu'indus) au fil de nombreux disques dont l'un, fameux, produit par Lee Ranaldo de Sonic Youth en 1992, ce qui vaut doctorat en bruit.

Séparé en 1997, après une éclipse de dix ans et épuré de quelques membres, le groupe repart à Zëro et la machine aussi, résolument tournée vers le post-rock. En dépit de l'ouverture cinglante de leur cinquième album San Francisco, paru, ce printemps, on note tout de même que ces maîtres en tension assument quelques envies plus « pop », avec tous les guillemets qu'une telle mention nécessite (on pense aux morceaux Ich... Ein Groupie ou Cheap Dream Generator).

Pour le reste Zëro (post-jazz, post-rock, noïse, insaisissable) reste égal à Zëro : un groupe qui ne souffrira pas de la disparition de l'accent circonflexe mais n'affranchira jamais l'auditeur, aussi averti soit-il, d'un accès circonspect à sa musique.

Zëro + Owun + Hyperculte
À la Bobine vendredi 13 mai à 20h30


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