Regards croisés : « Rouvrir la porte des théâtres aux auteurs »

Revoici Regards croisés, festival organisé par le collectif Troisième bureau et dédié aux écritures théâtrales contemporaines. Huit journées pour, notamment, rencontrer des auteurs et, surtout, écouter leurs pièces. À la veille de la seizième édition, on a voulu revenir aux bases avec Bernard Garnier, l'un des fondateurs de Troisième bureau.


Comment présenter le festival Regards croisés à un néophyte ?

Bernard Garnier : C'est un endroit où l'on nous raconte des histoires écrites par des auteurs de théâtre d'aujourd'hui et qui parlent du monde tel qu'il est aujourd'hui. C'est un lieu d'écoute, de discussions, d'échanges…

Le théâtre serait un art trop tourné vers le passé, avec les mêmes auteurs du répertoire constamment mis en scène ?

Non, je ne crois pas que ça soit ça. Quand on va voir des pièces dites classiques comme celles de Shakespeare ou Molière, on nous dit toujours – et c'est vrai – qu'elles font écho à notre monde, avec une langue très forte qui a traversé les époques. Mais les auteurs d'aujourd'hui travaillent une langue sans doute plus proche de nous, qui dit des choses de notre actualité.

Le futur Shakespeare ou le futur Molière est donc peut-être reçu cette année à Regards croisés ?

Ça, on le saura dans 200 ou 300 ans ! 

Votre événement n'est pas que franco-français…

Oui, on est ouverts sur le monde, même si on porte un regard attentif sur les auteurs francophones. Mais cette année il y a aussi un auteur américain, un syrien, un franco-marocain… 

Les pièces de ces auteurs invités seront donc lues par des comédiens autour d'une table et devant des spectateurs…

Je dirais qu'elles sont mises en jeu avec la voix : on voit les comédiens en train de lire les personnages et en train de rentrer dans la situation. On se situe juste avant le passage au plateau, avant la mise en scène. Certaines des pièces lues à Regards croisés ont ensuite été mises en scène.

Regards croisés est donc un festival qui a pour vocation de mettre en avant les auteurs contemporains, voire de les soutenir…

Oui. On veut que le public et les auteurs se rencontrent, c'est important. D'ailleurs, le théâtre n'existe que parce que tout le monde est rassemblé. On veut donc les soutenir, mais aussi requestionner la façon que l'on a de faire du théâtre – même si on reste très modestes sur la question. Le théâtre, c'est aussi un auteur. On veut rouvrir la porte des théâtres aux auteurs, porte qui leur est fermée depuis un petit moment déjà – les années 1980 quand le metteur en scène est devenu le principal représentant du théâtre.

Regards croisés
Au Théâtre 145 (principalement) du lundi 23 au mardi 31 mai


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