« Pour une ambition culturelle métropolitaine à la hauteur de la capitale des Alpes »

En 2016, Grenoble Alpes Métropole définit ce que sera l'intérêt métropolitain dans plusieurs domaines afin de construire ses politiques publiques. Ainsi en est-il de la culture pour laquelle la nouvelle collectivité doit délimiter les contours de son engagement. Au-delà de l'éventuel transfert d'équipements à l'euro près entre les communes et la métropole, c'est l'occasion de faire le point sur ce qu'est la culture à Grenoble et son agglomération et sur l'ambition que cette réflexion peut nourrir.


Dans l'histoire de la décentralisation, la vie culturelle grenobloise est un creuset de la vie culturelle française. Aujourd'hui encore les artistes et acteurs culturels grenoblois sont des références et irriguent nombre de réseaux à l'échelle européenne et internationale. Mon intention ici n'est pas de faire un inventaire exhaustif mais de faire prendre conscience de la chance que chaque habitant de l'agglomération a d'avoir la possibilité d'être au contact d'œuvres et d'artistes qui participent du mouvement mondial des idées, des émotions. L'importance de ce contact interdit toute politique de repli et engage à articuler action territoriale et ouverture internationale.

Nous n'avons pas suffisamment conscience de cette chance, qui trop souvent est confondue avec une forme d'élitisme. Gageons que la formule de Jean Vilar « élitaire pour tous » soit toujours et plus que jamais d'actualité : offrir le meilleur au plus grand nombre. La culture, a contrario d'un bien matériel, ne s'épuise pas dans sa consommation mais se démultiplie dans le partage.

« S'élever,  d'urgence! »

Le rapport à la création et à l'art en général est un moyen unique pour chaque être humain en construction de sortir des cadres hérités, d'être au contact de représentations plus grandes que lui-même, offrant la possibilité de se projeter positivement. La vie artistique et culturelle est une richesse incomparable qui doit être l'objet de fierté de chacun. « S'élever,   d'urgence! » écrivent Robin Renucci et Bernard Stiegler…

Ce pourrait être une ambition première, pour un territoire dont le rayonnement dépasse largement les Alpes françaises : articuler la réputation internationale avec l'action dans les communes et quartiers, articuler une indispensable double vision entre le local et le global. Observant les lignes de force de cette articulation, on s'aperçoit que des acteurs culturels métropolitains sont au cœur de réseaux nationaux et internationaux qui ont fait et qui font la richesse culturelle du territoire. Encore une fois la liste sera incomplète, elle sert cependant la démonstration.

Donnons de la hauteur à nos ambitions

Quoi qu'en disent les différents populismes fort actifs de nos jours, toutes ces démarches exigeantes, tous ces projets portés par des femmes et des hommes de conviction, sont tendus vers des objectifs qui, au travers de l'activité symbolique et des arts, relèvent de l'aventure humaine, de la compréhension des enjeux de société, de la capacité de notre collectivité à relever les défis auxquels nous ne pouvons échapper.

Il serait dommage, au moment où la Métropole définit ses enjeux, de ne voir que notre seul périmètre, serait-il alpin. Justement, donnons de la hauteur à nos ambitions. Révéler les imaginaires d'aujourd'hui, soutenir les créateurs, inventer quotidiennement la mise en relation des œuvres et du public, accompagner l'émergence de nouveaux métiers sont les ingrédients d'une politique tournée vers le monde.


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